Sujet: Toyota Crown 2023 : une couronne sans royaume Mer 27 Sep - 9:31
Que reste-t-il des grandes berlines? Plus rien maintenant. Les Nissan Maxima, Chrysler 300 et Dodge Charger tirent leur révérence cette année, sans oublier la Kia Stinger. Avant elles, on a dû dire adieu aux Chevrolet Impala, Volkswagen Arteon et Toyota Avalon. Pour remplacer cette dernière, en quelque sorte, le constructeur japonais y est allé d’une nouvelle formule bien différente : la Crown.
Cette voiture unique encore fraîchement arrivée sur le marché n’a en vérité aucun concurrent direct. En consultant Le Guide de l’auto 2024, vous verrez que nous l’avons classée par défaut parmi les berlines intermédiaires, la jumelant avec la Toyota Camry comme meilleur achat de la catégorie.
En passant, faute de disponibilité, il s’est vendu à peine 116 Crown au Québec durant les six premiers mois de 2023 – plus que les quatre retraitées de cette année, naturellement, mais moins que toutes les autres berlines sensiblement de la même taille (à l’exception de la Subaru Legacy, qui n’existe désormais qu’en version haut de gamme GT). C’est possible que vous n’en ayez pas encore croisé une sur la route.
Accrocheuse
La Toyota Crown 2023 adopte une stature imposante et un style accrocheur. Plus longue et plus haute que la Camry d’environ 10 cm, elle frappe fort avec sa très large calandre et ses longs blocs de phare à l’avant. Que dire aussi des magnifiques roues dont le diamètre varie de 19 à 21 pouces (17 à 19 pouces sur la Camry), des moulures contrastantes au bas des portières et de la ligne de toit extrêmement fuyante? En voilà de l’audace!
La plus dispendieuse des Crown, soit la déclinaison Platinum, défie davantage les conventions avec son extérieur deux tons comprenant un fini noir sur le capot et une bonne partie du derrière. Certains aimeront, d’autres détesteront. Personnellement, c’est plus original et inspirant que notre modèle d’essai Limited en Gris magnétique métallisé, aussi beau qu’un sombre paysage de novembre.
Une occasion ratée
Notre principale déception avec la Toyota Crown concerne le coffre. Certes, il est profond, mais la petite ouverture que découvre le couvercle n’aide vraiment pas. À propos, si l’objectif était de réinventer la berline moderne et, on imagine, de tenir tête aux VUS, pourquoi les designers n’ont-ils pas trouvé le moyen d’intégrer un hayon à la place, vous savez, dans le genre d’une Audi A7 Sportback? Quelle occasion ratée! En outre, le volume de chargement ne s’élève qu’à 430 litres, à peine deux de plus que la Camry.
Une autre désagréable surprise de la Crown est le manque de solidité apparente de sa construction. Ça se sent et s’entend chaque fois que l’on referme le coffre en question ou bien les portières. Quelques craquements dans l’habitacle nous ont aussi dérangés. Quant à la visibilité, vous aurez deviné que ce n’est pas génial à l’arrière en raison de l’angle prononcé de la lunette. En outre, les rétroviseurs latéraux gagneraient à être agrandis, eux qui préfèrent miser sur la forme au détriment de la fonction.
Spacieuse et confortable
L’avantage de la Crown par rapport à d’autres voitures est sa facilité d’accès (on se glisse littéralement à bord) combinée à sa position de conduite plus haute. Les sièges avant chauffants, ventilés et garnis de cuir en versions Limited et Platinum offrent beaucoup de confort et d’espace, quoique les conducteurs de six pieds et plus trouveront le dégagement pour la tête limité quand le pare-soleil du vaste toit vitré est déployé, même avec le siège réglé au plus bas.
La banquette arrière accommode aisément deux adultes de grande taille, car le plafond est creusé pour ne pas qu’ils s’y frottent la tête et l’espace pour les jambes est fort généreux, peu importe si les sièges avant sont reculés ou non. Une troisième personne (idéalement un enfant) peut s’asseoir au centre.
Sans éclat, mais bien de son temps
Le décor de la Toyota Crown se veut classique et la finition n’a rien d’exceptionnel au-delà des minces insertions cuivrées. La console centrale est judicieusement aménagée (bravo pour le chargeur sans fil monté verticalement et l'accoudoir à double ouverture) tout comme la planche de bord, sur laquelle figurent une jolie instrumentation numérique et un écran central tactile mesurant 12,3 pouces chacun.
Cette instrumentation est nettement préférable à la disposition très éloignée des Prius et bZ4X. Par contre, il aurait été bien que l’écran tactile soit tourné vers le conducteur afin de permettre une utilisation plus conviviale. Au moins, il est activé par un système multimédia limpide et complet. L’intégration d’Apple CarPlay et d’Android Auto se fait sans fil, puis divers services connectés sont offerts pendant des périodes variant de 3 à 10 ans.
La différence hybride
Qu’en est-il de la conduite de la Toyota Crown? Eh bien, la sécurité n’est pas un problème comme elle bénéficie de la suite de dispositifs Toyota Safety Sense 3.0, la plus complète et la plus évoluée offerte par le fabricant. La plateforme TNGA-K qui la sous-tend, partagée avec les Camry, RAV4, Highlander, Sienna et Venza, se veut une excellente base aussi.
À l’instar de ces deux derniers modèles, la Crown mise exclusivement sur une motorisation hybride. Ceux qui recherchent de la puissance se tourneront en premier lieu vers la Platinum qui, avec son moteur turbo de 2,4 litres et ses deux moteurs électriques, fournit un total de 340 chevaux et surtout 400 lb-pi de couple. Le tout est contrôlé par une boîte automatique à six rapports.
La Crown XLE d’entrée de gamme et notre Limited à l’essai utilisent également deux moteurs électriques, mais avec un quatre cylindres atmosphérique de 2,5 litres à la place du turbo. Leur rendement de 236 chevaux conviendra à une majorité de conducteurs, soyez-en assuré, même si le niveau de bruit en pleine accélération peut agacer. Des modes Éco, Normal et Sport sont proposés. Dans l’ensemble, Toyota parle d’une consommation moyenne de 5,7 L/100 km, un chiffre assez réaliste que nous avons validé dans des conditions favorables sans vraiment faire d’efforts pour économiser de l’essence.
Ajoutons en terminant que la suspension de la Crown livre un roulement souple au prix d’un roulis de caisse marqué dans les virages brusques. Les pneus Brigdestone Ecopia, réputés pour leur faible friction, peuvent se mettre à crisser sous le poids de la voiture, qui varient de 1 805 à 1 970 kg (290 à 345 kg de plus que la Camry). Le freinage se montre rassurant en dépit d’un léger manque de fluidité. Quant à la direction, elle fait un boulot honnête mais n’est bien sûr pas du calibre d’une sportive.
Verdict
Comme mentionné en intro, la Toyota Crown 2023 évolue dans une classe à part. Son style, son gabarit, sa motorisation hybride et son prix de base de 45 590 $ (48 471 $ tous frais inclus) l’expliquent. Attention : la version d’entrée de gamme XLE disparaît pour l’année-modèle 2024, ce qui fera de la Limited (plus de 50 000 $) la moins chère au menu.
Un beau coup audacieux de la part de la compagnie de même qu’un choix avisé si vous êtes plus du type voiture et disposez d’un bon budget, mais n’empêche qu’une plus grande polyvalence aurait été la bienvenue à l’ère des utilitaires rois.
En vidéo : Antoine Joubert présente la Toyota Crown 2023
------ Source : GuideAutoWeb.com, par Guillaume Rivard ------