Dans ce métier, il arrive à l’occasion qu’un véhicule frappe plus que la moyenne. S’il est clair que mon collègue Marc Lachapelle remporte la palme ces jours-ci pour son test de la Porsche 911 Dakar, une curieuse sportive à la garde au sol surélevée, l’essai de ce Land Rover Defender 130 habillé pour l’aventure n’est pas passé inaperçu, quel que soit l’endroit où il s’est garé. Certains piétons de mon quartier ont même fait le tour du 4x4 pour observer les nombreux détails de cette icône de l’industrie automobile britannique.
Déjà, la carrosserie recouverte d’un vinyle noir mat attire l’œil, surtout lorsque le travail est bien exécuté et que les contrastes sont réussis avec de multiples composantes noir lustré. Toutefois, c’est la quincaillerie installée autour du gros utilitaire qui lui confère un style d’enfer : d’abord, l’imposant support à bagages sur le toit et ces deux artifices sur les flancs, puis du côté droit, un boîtier étanche pour le transport et du côté gauche, une échelle repliable qui permet justement d’avoir un meilleur accès au toit.
Le côté « utilitaire au possible » exige un supplément monétaire substantiel et vient avec les désagréments qui accompagnent cette apparence plus robuste, notamment la curiosité des passants… et celle des voleurs! Disons seulement que le véhicule a été soigneusement mis à l’abri des regards lorsqu’il n’était pas sur la route. Mais, au-delà de l’aspect financier et de cette trop grande popularité auprès des organisations criminelles, ce sont surtout les bruits éoliens perçus sur l’autoroute qui font mal paraître l’intemporel 4x4.
Une brève réflexion aucunement scientifique m’est toutefois venue à l’esprit en observant le plus imposant Defender : et si la version 130 était l’option idéale pour résister à l’ère postapocalyptique? Teintée de fantaisie, cette théorie n’est peut-être pas si farfelue lorsque l’on s’y attarde quelques instants. Voici pourquoi.
De l’espace à revendreNul ne sait ce qui attend la civilisation, mais dans l’optique où l’être humain serait obligé de revenir à un mode de vie nomade, un gros véhicule logeable comme le Land Rover Defender 130 serait parfait pour transporter un maximum de matériel. D’ailleurs, cette livrée plus longue que le populaire Defender 110 était limitée à deux rangées de sièges. Le volume de chargement derrière est donc gargantuesque, 1 013 litres pour être précis. Et pour accueillir encore plus d’objets encombrants, la banquette se replie, quoique celle-ci ne permet pas d’obtenir un plancher plat. Il s’agit là d’un moindre mal, notamment parce que lorsque celle-ci est repliée, l’espace de chargement double à 2 155 litres.
Mentionnons aussi que l’ouverture des portières facilite l’accès à bord et que les passagers des deux rangées de sièges ne manquent pas d’espace, la hauteur du véhicule contribue justement à cette impression de grandeur.
Et puisqu’il est question de volume de rangement, la boîte latérale ajoute 24 litres, elle qui peut contenir un total de 17 kg toutefois. Finalement, le support de toit peut soutenir un maximum de 132 kg. Autrement dit, si l’habitacle n’est pas suffisant, la plate-forme supérieure dépannera pour les bagages supplémentaires.
Un poste de pilotage invitantAussitôt assis derrière le gros volant multifonction, le conducteur s’installe devant une planche de bord un tantinet plus « robuste » que celle des modèles pleine grandeur de la marque. En outre, l’ergonomie de cette dernière a été améliorée avec de nombreux espaces de rangement et même des prises USB dissimulées du côté passager.
La console centrale accueille un bon vieux levier de la boîte de vitesses du côté gauche non loin du conducteur, tandis que les touches de la climatisation se mêlent à celles des modes de conduite. C’est compliqué à plusieurs égards, mais après quelques semaines d’utilisation, on s’y habitue. Et n’oublions pas l’agréable volant multifonction au design plus fonctionnel que celui des versions Range Rover. Quelques trucs agacent, comme le bouton du volume de la chaîne audio installé complètement à droite de la console centrale ou les grosses molettes pour la ventilation, lesquelles sont à double fonction. Quant à l’écran central, disons que les améliorations des dernières années le rendent plus accueillant que par le passé.
Sur routeUn bon véhicule prêt pour l’apocalypse doit être confortable sur la route… en supposant qu’elle existe encore. Pendant ce test, le Defender le plus long a été exposé à quelques tronçons urbains passablement abîmés. Si le Defender 130 se montre moins spongieux que son équivalent Range Rover, il s’est néanmoins très bien débrouillé.
Bien que le Defender 130 soit disponible avec le gros V8 suralimenté, le moteur 6 cylindres en ligne turbo assisté d’un système hybride léger est amplement suffisant. La mécanique livre 395 chevaux et un couple de 406 lb-pi. Quant à sa boîte de vitesses, elle n’a jamais bronché, que ce soit en ville ou lors des virées sur l’autoroute.
Puisqu’il est de notre devoir de mentionner la consommation de carburant, sachez que le Defender 130 s’est maintenu à une moyenne oscillant aux alentours de 12,7 litres aux 100 km, soit un peu moins que les 13 L/100 km prévus par Ressources naturelles Canada. Remarquez, l’ensemble extérieur vient aussi gêner le résultat du véhicule à la pompe. Non seulement c’est plus bruyant, mais c’est également plus coûteux.
Dans le meilleur des mondes, le constructeur offrirait l’option d’un moteur 4 cylindres turbo sous le capot de son Defender le plus imposant, mais il n’en est rien. À l’ère apocalyptique, le remorquage devrait en principe toujours exister et pour cette tâche, il vaut mieux compter sur un groupe motopropulseur capable de répondre aux attentes. À ce sujet, la capacité de remorquage de l’une ou l’autre des versions du Defender est de 7 700 lb (3 493 kg).
Loin de la routeMais, pour mieux survivre à une catastrophe naturelle, un véhicule comme le Defender 130 n’a rien à envier aux meilleurs 4x4 du moment. Le système à quatre roues motrices a déjà fait ses preuves à maintes reprises et, il faut l’avouer, ce dernier est l’un des plus sophistiqués sur le marché. Sur une distance d’une dizaine de kilomètres en terrain accidenté et enneigé, le Defender 130 P400 SE 2023 s’est montré peu impressionné par les obstacles sur la route. La présence de bons pneus tout-terrain n’a certes pas nui à certaines ascensions glacées. Avec la garde au sol et le poids du véhicule, il est clair que même une variante munie de pneus d’hiver ou quatre-saisons aurait pu parcourir un bon bout de chemin. Pour cette section hors route, le mode Neige/Boue était tout indiqué, tandis que la garde au sol surélevée — merci à la suspension pneumatique ajustable — était une alliée hors pair contre les bosses prononcées.
Malgré tout, le véhicule le plus robuste de la gamme britannique a mordu la poussière dans un trou d’eau recouvert d’une couche de glace. Avec le poids du camion, celle-ci a cédé. Vous devinez la suite… le Defender 130 a subi des dommages au niveau de sa coquille de pare-chocs avant, brisée par les morceaux de glace. Ici, il est important de préciser que le VUS n’aurait fait qu’une bouchée de ce trou d’eau si la température extérieure n’avait pas été aussi… hivernale. La bonne nouvelle, c’est que le véhicule a pu rebrousser chemin sans rouspéter. En dépit des bris cosmétiques à l’avant, la mécanique n’a pas été touchée, ce qui nous a permis de rentrer à la maison sans heurts.
Le mot de la finC’est vrai que cet incident survenu à la fin de cet essai est venu ternir ce passage au volant du plus long des Defender, mais dans ce cas précis, le 4x4 anglais n’avait rien à se reprocher. Eh oui, il arrive à l’occasion qu’un véhicule « frappe plus que la moyenne ». Malheureusement pour votre humble serviteur, il n’avait pas prévu « frapper » un morceau de glace au volant d’un 4x4 dont le prix de départ est de 93 000 $ avant les options et les frais en vigueur...
Comme on dit au Québec, ce sont des choses qui arrivent!
------
Source : GuideAutoWeb.com, par Vincent Aubé
------