Au volant de la nouvelle McLaren 750 S sur l’Inside Road Course du Las Vegas Speedway, tous nos sens sont en alerte. Le système de départ canon lance l’exotique bagnole anglaise pour un sprint de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes avec un furieux crescendo émanant du nouvel échappement en acier inoxydable.
Le V8 biturbo de 4 litres hurle sa joie à 8500 tr/min. Frissons garantis. À l’approche du premier virage, les freins en composite de céramique impressionnent par leur efficacité, la direction plus rapide inscrit parfaitement ce bolide sur la trajectoire idéale et les pneus Trofeo R, presque lisses, permettent à la 750 S de s’accrocher au bitume avec une hargne féroce.
Bien lancée pour une série de tours, la 750 S atteint plus de 240 km/h sur la ligne droite de ce circuit long de 1,9 kilomètre et comportant 9 virages. Wow! Pas de doute, cette 750 S rehausse la barre d’un cran par rapport à la 720 S qui l’a précédée. C’est la plus puissante voiture de série produite par McLaren, elle affiche un rapport poids/puissance inégalé dans son créneau et, surtout, elle est plus engageante à conduire puisqu’elle procure des sensations encore plus viscérales que sa devancière.
30% nouvelleAu premier coup d’œil, la filiation avec la 720 S parait évidente, toutefois, un examen attentif révèle que 30% des composants de la 750 S sont nouveaux. La structure monocoque en carbone demeure, mais la carrosserie a été restylée afin de bonifier l’aérodynamique. On remarque la nouvelle lame à l’avant, et la découpe des portières a été modifiée en vue d’assurer une meilleure canalisation de l’air vers les radiateurs logés de part et d’autre du V8 biturbo localisé en position centrale. Le pare-chocs arrière a été redessiné, la 750 S possède désormais une grille de ventilation juste derrière le moteur, et un aileron arrière en fibre de carbone dont la surface est agrandie de 20% par rapport à celui de la 720 S.
Comme précédemment, cet aileron est actif ce qui permet d’augmenter l’appui aérodynamique ou la vitesse en ligne droite, un peu à la manière du DRS présent sur les F1. Mais aussi de servir d’aérofrein lors d’un freinage très appuyé alors qu’il se braque au maximum pour aider à réduire la vitesse tout en augmentant l’appui sur le train arrière, stabilisant ainsi la 750 S lors de décélérations intenses.
On monte à bord en ouvrant les portes dièdres qui se soulèvent vers l’avant pour accéder à un habitacle redessiné. L’écran du bloc d’instruments est maintenant flanqué de deux commutateurs à bascule, celui de gauche permettant de paramétrer les réglages du châssis et celui de droite, ceux de la motorisation. Fort bien positionnés, ces commutateurs s’actionnent du bout des doigts sans que les mains quittent le volant.
Comme toujours, McLaren dissocie le contrôle du châssis et de la motorisation et propose trois calibrations soit les modes Comfort, Sport et Track Active Dynamic. Il est ainsi possible de sélectionner le mode Sport pour la motorisation et le mode Confort pour le châssis, par exemple, pour circuler sur des routes balisées. À l’approche d’une série de virages, on peut modifier le comportement de la voiture en actionnant les basculeurs pour choisir les modes Sport ou Dynamic.
Speedy KiwiOn retrouve aussi trois boutons disposés à la verticale juste à gauche de l’écran multimédia. Celui du haut commande l’aérodynamique de la voiture, celui du bas active le système de départ canon. Celui du centre, appelé Speedy Kiwi, en l’honneur de la Nouvelle-Zélande pays d’origine de Bruce McLaren fondateur de la marque. Il permet de permuter entre deux séries de calibrations paramétrées au préalable. On peut donc passer, à la seule pression de ce bouton, aux réglages optimisant la performance et la dynamique ou le confort.
Le nouvel écran vertical tactile de 8 pouces présente une meilleure qualité graphique, mais la connexion avec Apple CarPlay doit obligatoirement se faire par fil et Android Auto n’est malheureusement pas au programme pour la 750 S. Le catalogue des options comprend une chaîne audio premium Bowers & Wilkins, et des sièges baquets ultralégers en fibre de carbone.
Aussi, l’acheteur peut opter pour des freins avec disques carbone-céramique de 390 millimètres et étriers monoblocs, dérivés de ceux de la McLaren Senna et activés par un nouveau servofrein. Il est aussi possible de commander une monte pneumatique Pirelli P Zero Corsa ou Trofeo R plus performante que la monte P Zero d’origine.
Plus légère qu’une Golf GTILa 750 S pèse seulement 1389 kg en ordre de marche, ce qui en fait une voiture moins lourde qu’une Volkswagen Golf GTI. Elle dispose aussi d’un meilleur rapport poids/puissance que sa rivale directe, soit la Ferrari 296 GTB. Plus légère de 30 kilos que la 720 S, la nouvelle sportive de McLaren est le résultat de l’obsession presque compulsive des ingénieurs quant à la réduction de la masse. En dotant la 750 S de jantes forgées à 10 branches, lesquelles sont les plus légères jamais montées de série sur une McLaren, 13,8 kg ont été retranchés. Le nouveau combiné d’instruments est allégé de 1,8 kg, et même le verre du pare-brise contribue à la réduction du poids, avec un gain de 1,6 kg. Obsessifs, vous dites? Les ingénieurs de McLaren le sont assurément...
La masse contenue de la 750 S, ainsi que son fabuleux rapport poids/puissance, explique pourquoi elle est aussi vive sur circuit, mais ce n’est pas tout. La direction électro-hydraulique est plus rapide, la voie avant a été élargie de six millimètres et les ressorts de la suspension avant ont été assouplis de 3% alors que les ressorts arrière ont été raffermis de 4%, tout cela comparé à la 720 S.
Mais la carte maîtresse de la 750 S c’est la présence de la troisième génération de la célèbre suspension hydraulique de McLaren, soit le dispositif Proactive Chassis Control, lequel remplace les barres antiroulis habituelles par un système hydraulique reliant les amortisseurs entre eux, et dont les algorithmes de contrôle ont été révisés. En outre, la puissance du V8 biturbo est accrue de 30 chevaux et le couple est en hausse de 22 livres-pieds, toujours par rapport à sa devancière.
Pour épater la galerie tout en conservant un certain filet de sécurité, la 750 S est dotée du système McLaren Variable Drift Control (VDC) permettant de calibrer le niveau d’intervention du système de contrôle de la traction indépendamment du réglage du contrôle électronique de stabilité (ESC). Parfait pour provoquer de belles glissades contrôlées à l’accélérateur et de voir les pneumatiques Pirelli s’envoler en fumée…
Coupé ou SpiderAu quotidien, le système hydraulique de levage du train avant relève la caisse de la 750 S en quatre secondes à la pression d’un bouton de commande dédié à cette opération, soit six secondes de mieux que la 720 S. Pratique pour franchir des ralentisseurs ou gagner une entrée de garage sans racler la lame avant sur le bitume. Une version Spider, plus lourde de 49 kilos, est dotée d’un toit rigide-rétractable pouvant être ouvert ou fermé en moins de 11 secondes jusqu’à une vitesse de 50 km/h. Il est aussi possible d’opter pour un toit avec vitrage électrochromique sur la 750 S Spider.
Le prix de départ de la 750 S Coupé est de 363 700 $ et celui de la 750 S Spider est établi à 392 700 $. Bien évidemment, un large éventail d’options est au programme. Le constructeur mentionne d’ailleurs que plus de 75% de la clientèle choisit de personnaliser sa voiture par le biais d’options de la gamme MSO (McLaren Special Operations). McLaren n’a pas précisé combien d’exemplaires seront construits pendant le cycle de vie de la 750 S, mais affirme que le carnet de commandes de l’usine affiche complet jusqu’au printemps 2025 et que moins de 900 exemplaires de la 750 S seront disponibles pour le marché des Amériques avant la fin de la production. Avis aux intéressés.
En somme, la McLaren 750 S fait preuve d’une superbe dualité. Féroce sur circuit, elle sait aussi se montrer docile sur les routes balisées, ce que nous avons pu constater sur un parcours de 200 km sur les magnifiques routes de cette région du Nevada. Cette double personnalité a toujours caractérisé les voitures de la marque, et ce, depuis le lancement de la MP-4-12C en 2011. Avec la 750 S, McLaren propose une sportive de haut calibre légère et puissante. Lorsque l’on en exploite tout le potentiel de performance, lequel dépasse celui de la 720 S, on ressent une exaltation hors du commun.
Et lorsqu’il s’agit de simplement rouler à une allure plus modérée sur les routes publiques, elle suit la cadence réduite sans broncher et, surtout, sans brusquer ses occupants, contrairement à plusieurs rivales directes. C’est cette dualité, cette facilité à répondre aux attentes à tout moment qui fait que la McLaren 750 S est une voiture exotique que l’on peut envisager de conduire au quotidien, du moins pendant la belle saison. Elle est fougueuse, furieuse même, mais c’est une bête que l’on peut facilement apprivoiser, et c’est ce qui fait tout son charme.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Gabriel Gélinas
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