Sans tambour ni trompette, la Volvo V90 Cross Country nous revient après un congé sabbatique qui s’est allongé sur deux années.
À une époque où les VUS et multisegments se multiplient allègrement et où les voitures disparaissent au même rythme, le retour de cet animal rare a déjà de quoi réjouir. Surtout que les rivales de cette grande familiale de luxe passe-partout se comptent sur les doigts d’une main.
On croirait facilement, à première vue, que la V90 Cross Country n’a pas changé depuis son lancement, en 2017. Et c’est à peu près le cas. Construite sur l’architecture adaptable SPA qu’elle partage avec les XC60 et XC90, elle est l’unique survivante de la série des berlines S90 et familiales V90 en Amérique du Nord. Un seul modèle de cette V90 Cross Country nous est désormais offert, avec une seule motorisation.
Des preuves à faireC’est d’ailleurs sous son capot que s’est opéré le changement le plus important depuis son apparition, il y a cinq ans. Le moteur B420T qui s’y trouve maintenant n’est qu’une des variantes du quatre cylindres de 2,0 litres qui anime tous les véhicules Volvo encore équipés d’un engin thermique. Outre le turbo et le surcompresseur dont profitait déjà le moteur de la version T6 de l’époque, le groupe propulseur de la nouvelle B6 V90 Cross Country dispose d’un moteur électrique de 13 chevaux qui joue le double rôle d’alternateur et de démarreur, alimenté par une batterie de 48 volts.
On parle ici d’une hybridation légère qui promet une réduction de consommation et d’émissions polluantes pouvant atteindre 15%, selon Volvo. La chose reste à démontrer puisque les cotes officielles de la V90 Cross Country 2022 sont de 10,6 L/100 km en ville et 8,1 sur la route, pour une cote combinée de 9,5 L/100 km alors qu’elles étaient de 10,9, 8,0 et 9,6 L/100 km pour le modèle 2018. Un écart minime.
Les données de puissance et de couple de la B6 sont pourtant quasiment inversées par rapport à la T6. Elles sont maintenant de 295 chevaux à 5 400 tr/min et 310 lb-pi de 2 100 à 4 800 tr/min alors qu’elles étaient de 316 chevaux à 5 700 tr/min et de 295 lb-pi de 2 200 à 5 400 tr/min pour sa devancière. Le couple un tantinet supérieur, livré sur une plage de régime plus large, devrait faire une différence plus nette.
Chose certaine, l’effet sur les performances est sans équivoque. La nouvelle V90 a bouclé le sprint de 0 à 100 km/h en 7,46 secondes, franchi le 1/4 de mille en 15,42 secondes à 147,2 km/h et accéléré de 80 à 120 km/h en 5,7 secondes. À son époque, l’ancienne V90 avait livré des chronos de 6,35 secondes, 14,52 secondes (à 159,4 km/h) et 5,15 secondes pour les mêmes tests. Difficile de croire que les quelque 65 kg qu’a pris la grande Volvo dans ce remodelage léger expliquent de tels écarts.
Une mise à niveau pertinenteLa nouvelle interface multimédia signée Google/Android est l’autre changement important à noter dans la V90 Cross Country 2022. Derrière une présentation plus dégagée que l’ancienne Sensus, ses réactions sont assez rapides et on finit par y trouver ce que l’on cherche sans trop de peine. La page réservée aux réglages est très complète. Il y a même une touche marquée « position entretien essuie-glaces » qui permet de les déplacer pour déneiger la fosse où ils logent, sous l’extrémité du capot.
Cette attention unique se joint à une kyrielle de détails qui font de la V90 Cross Country une excellente bagnole pour la conduite en hiver. Ne serait-ce qu’en raison de la surface balayée par l’essuie-glace, par exemple. Sur l’écran central ou le tableau de bord, on ne dispose hélas d’aucune touche ou bouton pour désactiver l’antidérapage. La variété des données est également pauvre et limitée dans la nacelle du conducteur, entre les cadrans.
Notre voiture d’essai profitait de l’ensemble qui ajoute le maintien lombaire à réglage électrique et dix points de massage pour les dossiers avant, en plus de coussins d’assise extensibles, un siège passager avec mémoires de réglages, la climatisation sur quatre zones, un tableau de bord et des contreportes avec surpiqûres en plus de stores escamotables pour les portières arrière.
Le groupe Advanced inclut finalement un purificateur d'air avec filtre pour particules fines, une caméra périphérique (360°) à cinq vues superbement claires, l’affichage tête haute et un éclairage plus poussé dans l’habitacle.
Toujours souple, sûre et prévisibleL’accès aux places avant est impeccable, avec une hauteur d’assise à peu près parfaite pour toutes les tailles. Et la garde au sol de 204 mm marque sans doute le compromis idéal pour ce passe-partout raffiné qui ne nourrit aucune ambition d’escalader le moindre rocher ou sentier trop escarpé. Le confort et le maintien des sièges avant sont à la hauteur de la réputation de Volvo en cette matière et la position de conduite est excellente. La position et la taille du rétroviseur gauche vous forceront malencontreusement à pencher la tête pour bien voir où vous allez poser les roues en virant à gauche.
Quant aux places arrière, une des forces de la série 90, on s’y installe tout aussi facilement et l’assise est juste assez longue et haute. Les coussins y sont plutôt durs, par contre. La cinquième place, au centre, n’est acceptable que pour de courts trajets, à cause d’un large tunnel, haut d’environ 12 cm, qui force à soulever les pieds. Et la console centrale, qui empiète un peu sur l’espace vital, se rachète en intégrant deux buses d’aération et une prise à 110 volts. Et c’est tout. Pas de prises USB, en effet.
La conduite de la Volvo V90 Cross Country est toujours naturelle et fluide, avec des réactions linéaires de la direction. Elle affiche aussi une belle agilité pour sa taille et un poids appréciable. Même avec les jantes les plus menues et des flancs plus hauts, les pneus d’hiver et la suspension claquaient joyeusement sur les joints d’expansion. Et ça cognait sec sur les fentes et saillies plus prononcées.
Quoi qu’il en soit, cette V90 Cross Country très discrètement rafraîchie offre un amalgame unique de confort, de souplesse et de polyvalence, sous une enveloppe d’une élégance inégalée. Avec une poignée de rivales, néanmoins complices, elle mène une fière résistance à l’invasion actuelle qui nous afflige d’utilitaires trop souvent balourds, encombrants, ennuyeux et gloutons.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Marc Lachapelle
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