Encore quelques semaines et nous fêterons les 20 ans de la fermeture de l’usine de General Motors (GM) de Sainte-Thérèse. Une usine qui avait excellente réputation, mais qui au tournant des années 2000, fabriquait une voiture désormais impopulaire et qui devait composer avec de multiples conflits syndicaux. C’est donc le 28 août 2002 que GM aura malheureusement mis la clé dans la porte, mettant ainsi un terme à la fabrication automobile au Québec.
Je suis naturellement beaucoup trop jeune pour me remémorer l’ouverture de l’usine GM de Sainte-Thérèse, qui a eu lieu 10 ans avant ma naissance. En 35 ans d’existence, cette usine aura fabriqué d’innombrables modèles, tantôt décevants jusqu’à assurément mémorables. On y a d’abord fabriqué dès 1967 des modèles Biscayne et Impala, avant de se lancer dans la fabrication de modèles compacts (Vega, Astra, Monza, Starfire et Skyhawk). La Pontiac LeMans a ensuite été de passage de 1978 à 1981, alors que les modèles Bonneville, Cutlass Supreme et Grand Prix y sont demeurés jusqu’en 1986-1987.
L’usine a ensuite été réoutillée pour accueillir la fabrication de modèles A, c’est-à-dire les Chevrolet Celebrity et Oldsmobile Cutlass Ciera. Momentanément fermée en 1991 et 1992, l’usine a finalement été transformée à nouveau pour accueillir les modèles F. En somme, la quatrième génération des Chevrolet Camaro et Pontiac Firebird, qui allaient connaître un succès phénoménal à leur arrivée.
Souvenirs de jeunesseAlors âgé de 15 ans et déjà très passionné par l’automobile, j’apprends que les Camaro seront fabriquées au Québec. Ironiquement, par la bouche d’un vendeur Hyundai qui mentionnait à ma mère que la Sonata était aussi de fabrication québécoise (bien sûr, ne sachant pas que l’usine de Hyundai située à Bromont allait fermer ses portes quelques semaines plus tard…).
Comme de coutume, je me procurais à l’époque les magazines Road & Track, Motor Trend et Automobile Magazine, pour tout connaître des dernières nouveautés. Les Camaro/Firebird faisaient à ce moment l’objet de chroniques chaque mois, même si Motor Trend avait à l’époque (en 1993) nommée la Ford Probe comme voiture de l’année. Un jour, mon père qui n’avait absolument aucun intérêt pour l’automobile m’apprend qu’il s’est débrouillé pour qu’on parte d’Iberville (où nous demeurions) et qu’on se rende à Sainte-Thérèse pour visiter l’usine de fabrication des Camaro/Firebird.
Je me souviens encore du moment où, à bord de sa petite Dodge Colt 200, nous avions pris l’embranchement de l’autoroute qui surélevé, nous permettait d’avoir une superbe vue sur le gigantesque stationnement de l’usine où se trouvaient des centaines de Camaro et de Firebird, de même que d’autres produits GM. Impressionné vous dites? J’étais comme dans un rêve. Jamais je n’avais été si près d’une usine de fabrication de voitures qui en plus, assemblait des modèles qui frisaient l’exotisme à mes yeux.
Nous étions au printemps de 1993. Encore aujourd’hui, ne me demandez pas comment le paternel s’était débrouillé pour qu’on puisse visiter l’usine, puisqu’il ne s’agissait pas d’un tour guidé. Il n’y avait que mon père et moi, avec un accompagnateur nous servant de guide. Du plus loin que je me souvienne, j’étais impressionné par l’évolution très rapide du processus de fabrication, par la beauté des installations ainsi que par l’histoire de cette usine. Parce que dans les différents corridors, on pouvait apercevoir des affiches des différents modèles qui y avaient été construits, de même que de vieilles publicités imprimées. Se trouvait également dans l’usine une vieille Chevrolet (probablement une Biscayne ou Impala de première production), soulignant l’historique de l’endroit. Époque oblige, je n’ai malheureusement aucune photographie de ce jour mémorable.
La plus belle surprise de cette visite allait toutefois se trouver à la fin du parcours, alors qu’on avait levé la couverture recouvrant une version décapotable de la Camaro 1994. Une voiture non peinte et sans habitacle, qui servait sans doute de mule en vue d’une future fabrication. À ce jour, je n’avais encore rien lu dans les magazines concernant la version décapotable, qui allait bien sûr voir le jour l’année suivante. Pour être honnête, mon anglais était à cette époque inexistant, ce pour quoi je me procurais aussi le magazine Le Monde de l’Auto, que j’avais l’avantage de pouvoir lire! Cela dit, cette image d’une pseudo carcasse de future Camaro 1994 est encore à ce jour gravée dans ma mémoire.
Clairement, le temps passe rapidement. Trop rapidement. À preuve, les Voitures Anciennes de Granby accueillent ce week-end quelques milliers de véhicules, ce qui inclura probablement une poignée de ces Camaro et Firebird se qualifiant aujourd’hui comme véhicules antiques. Et juste avant de me rendre à l’événement, je passerai comme à l’habitude faire quelques provisions au magasin Costco de Boisbriand, là où se situait ironiquement cette fameuse usine.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Antoine Joubert
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