Après une bonne année de retard, le Nissan Ariya va finalement poser ses roues en sol canadien. Les premiers modèles à traction débarquent chez les concessionnaires cet automne. Pour les versions à rouage intégral, il faudra se montrer plus patient et attendre 2023. Pour ce premier essai, nous avons pu prendre le volant d’un modèle de préproduction à roues avant motrices.
Lors de la présentation de ce nouveau produit, Nissan nous a expliqué que son VUS affiche une taille similaire à celle d’un Rogue. Une décision logique, ce format étant le plus populaire actuellement. Cela dit, et c’est plus surprenant, l’empattement se rapproche de celui du Murano, un modèle intermédiaire de la catégorie supérieure.
En repoussant ainsi les roues aux quatre coins du véhicule, on augmente logiquement le dégagement dévolu aux occupants. Il est vrai qu’en montant à bord, l’impression d’espace est immédiate. Le VUS japonais peut accueillir quatre adultes confortablement, en particulier à l’avant, où la console centrale coulissante et le tableau de bord minimaliste renforcent cette sensation d'espace.
Ce choix technique d’agrandir cette section de l’habitacle a toutefois une conséquence sous le capot avant. En effet, ce tableau de bord réduit à sa plus simple expression a obligé les ingénieurs à se passer d’un coffre à l’avant. C’est dommage, parce qu’avec un volume de coffre de seulement 467 litres (413 dans les modèles à rouage intégral) avec les sièges en place, l’Ariya ne tient pas la comparaison face aux Hyundai IONIQ 5, Kia EV6 ou Volkswagen ID.4.
Très épuré, le tableau de bord comporte très peu de boutons physiques. Les commandes de température et de ventilation sont regroupées au centre. Haptiques, elles donnent une légère rétroaction lorsque le conducteur y touche. Mais comme pour beaucoup d’autres constructeurs actuellement, le design a pris le pas sur les aspects pratiques et il faut quitter la route des yeux pour voir quelle commande on actionne. Deux écrans situés au sommet du tableau de bord (de 12 pouces chacun) informent le conducteur. Le fonctionnement s’est montré adéquat, tout comme la lisibilité.
On retrouve également plusieurs commandes sous le levier de vitesse, notamment la force de régénération, les modes de conduite et l’ouverture d’un second coffre à gants électrique (voir galerie photo). La qualité de finition est satisfaisante et notre modèle d’essai, de préproduction rappelons-le, n'a jamais fait entendre le moindre aucun craquement suspect ou bruit curieux.
En revanche, nous avons trouvé la commande des clignotants à impulsion peu intuitive à utiliser. Lorsqu’on prend un virage sans faire un tour complet de volant, il arrive que les clignotants restent en fonction et il faut s’y reprendre à deux ou trois fois pour les éteindre.
Deux rouages et deux batteriesNissan va vendre ses Ariya avec deux ou quatre roues motrices. Le fait que les modèles à un seul moteur soient à traction et pas à propulsion devrait rassurer certains acheteurs québécois. En plus du type de rouage, il est possible d’opter pour deux batteries différentes. La plus petite des deux possède une capacité de 63 kWh utilisables, tandis que la plus grande en offre 87.
Le modèle de base Engage à traction dispose d’une autonomie de 348 km. Avec la batterie à autonomie prolongée, cette valeur oscille de 465 km (Venture+) à 490 km (Evolve+). C’est justement cette dernière version que nous avons mise à l’essai. Les autonomies n’ont pas encore été annoncées pour les modèles à rouage intégral, mais cela devrait varir entre 330 et 420 km environ. Une autonomie nettement inférieure aux meilleurs joueurs du segment, et qui pourrait faire du tort au Ariya.
Pour ce qui est de la recharge rapide, il faut compter 35 minutes pour passer de 20 à 80% avec la batterie de 63 kWh, 40 minutes pour celle de 87 kWh. À condition de disposer d’une une puissance de recharge de 130 kW. Il s’agit d’ailleurs de la puissance maximale admissible par la batterie. C’est inférieur à ce que propose certains concurrents, Nissan expliquant que cette limitation était volontaire car elle est suffisante pour recharger rapidement sans stresser inutilement la batterie. Au Québec, la majorité des bornes recharge affichant une puissance comprise entre 50 et 100 kW, ce n’est pas vraiment un problème dans l’immédiat.
Confortable avant toutContrairement à la Nissan Z mise à l’épreuve la semaine précédente, l’Ariya n’a pas de prétentions sportives. Le constructeur a d’abord privilégié le confort, ce qui est logique pour un modèle à vocation familiale. Doté des sièges zéro gravité ainsi que d’un roulement très conciliant, le VUS japonais se démarque grâce à son très bon confort d’ensemble. Ajoutez à cela une insonorisation réussie et vous obtenez un véhicule qui devrait très bien s’accommoder de notre réseau routier vétuste.
Si l’agrément de conduite a de l’importance pour vous, il faut reconnaître que l’Ariya n’égale pas les Hyundai IONIQ 5, Kia EV6 ou Ford Mustang Mach-E par exemple. Mais il vous emmènera du point A au point B sans se faire remarquer. La direction, fortement assistée, est légère et ne se démarque pas par sa précision. Le freinage se montre suffisamment puissant, mais la pédale demeure difficile à doser. Cela dit, la puissance de ralentissement est bonne, un cerf un peu joueur au moment de traverser la route nous ayant forcés à un freinage d’urgence lors de l’essai.
Puisqu’il est question du freinage, sachez que Nissan ne propose pas la conduite à une pédale à bord du Ariya. Selon le constructeur, c’est une demande des clients interrogés par Nissan, qui préfèrent utiliser deux pédales au lieu d’une. De notre côté, nous trouvons tout de même dommage que Nissan n’ait pas ajouté un bouton pour choisir d’en disposer ou pas, surtout que ce système fonctionne à merveille à bord de la LEAF.
Les modèles à traction revendiquent une puissance oscillant entre 214 et 238 chevaux. En revanche, le couple demeure identique dans les deux cas (221 lb-pi). Les accélérations ainsi que les reprises sont amplement suffisantes pour un usage quotidien, mais l’Ariya n’a rien d’une catapulte sur quatre roues. Cela incite aussi le conducteur à une certaine sagesse avec la pédale de droite, ce qui s’est ressenti à la fin de la journée. Avec une consommation moyenne de 17,5 kWh/100 km (température comprise entre 19 et 28°), le VUS de Nissan s’est montré plutôt économe lors de notre trajet de 155 kilomètres.
Éligible aux rabais, mais pas donnéNissan a dévoilé les prix canadiens du Ariya en même temps que notre essai routier. Les tarifs débutent à 52 998 $ pour le modèle de base Engage à traction et grimpent jusqu’à 69 998 $ pour le modèle haut de gamme Premiere à rouage intégral. C’est tout de même plus élevé que plusieurs concurrents.
Au moment d’écrire ces lignes, Nissan Canada n’avait pas encore reçu la confirmation officielle de sa qualification aux rabais, mais il devrait s’agir d’une formalité puisque le véhicule rentre dans la bonne fourchette de prix pour y prétendre. Au total quatre modèles (trois à traction et un à rouage intégral) pourront bénéficier des incitatifs (fédéral et provincial). En revanche, les deux modèles à rouage intégral les plus haut de gamme, dont le prix frôle les 70 000 $ perdent de leur intérêt en dépit de leur équipement enrichi. Il faut dire que 12 000 $ de rabais, c’est loin d’être négligeable…
Enfin, la question qui reste en suspens, c’est évidemment la disponibilité des modèles 2023. Même si l’Ariya est plus cher que certains concurrents, le véhicule pourrait connaître un beau succès. À condition que Nissan parvienne à en livrer suffisamment et que le temps d’attente pour l’obtenir ne soit pas déraisonnable, ce qui est le cas pour la majorité de ses concurrents.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Julien Amado
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