Sur les grandes artères de Palm Springs en Californie, la Rolls-Royce Phantom Series II est dans son élément. Les voies sont larges et les autres conducteurs, habitués à y voir rouler des voitures de très grand luxe, cèdent gentiment le passage.
Conduire une Rolls-Royce, particulièrement une Phantom, c’est toujours un événement, cette majestueuse berline au gabarit de VUS donnant au conducteur et passagers cette sensation de flotter comme sur un coussin d’air à bord d’un habitacle feutré où le confort est souverain.
Malgré le contexte économique actuel, Rolls-Royce a le vent dans les voiles, la célébrissime fabricant affichant des records de ventes grâce à son VUS Cullinan et sa Ghost à rouage intégral. Si ces deux modèles sont des succès de vente pour Rolls-Royce et comptent pour le gros des profits, c’est plutôt la Phantom - et son luxe opulent - qui assure le rayonnement de la marque anglaise, et ce, depuis ses débuts en 1925. L’actuelle Phantom de huitième génération, subtilement relookée en 2022 et toujours animée par un moteur V12 biturbo produit par BMW, sera aussi la dernière d’une longue lignée de ces voitures de très grand luxe à être pourvue d’un moteur thermique puisque toutes les Rolls-Royce seront à motorisation électrique d’ici 2030.
Un remodelage tout en subtilitéEn attendant cette transition vers la mobilité électrique, la Phantom a fait l’objet d’un subtil remodelage, la clientèle ne souhaitant pas de transformation radicale du modèle. La partie avant est maintenant plus imposante avec une bande chromée reliant les feux de jour, le logo de la marque et la statuette du Spirit of Ecstasy sont mis plus en évidence et la calandre est éclairée, comme celle de la Ghost.
C’est le même scénario pour ce qui est de l’habitacle où l’on constate que la jante du volant est un peu plus épaisse, et c’est tout. On ne peut faire autrement que de tomber sous le charme de cet intérieur qui séduit par la richesse de ses cuirs et la finesse des surpiqûres, l’élégance de ses boiseries et un évident souci du détail, comme en témoigne l’intégration de 1 600 diodes de type DEL dans le pavillon de toit, rappelant un ciel étoilé la nuit, ou encore l’intégration d’un compartiment réfrigéré pouvant accueillir une bouteille de champagne et deux flûtes en cristal Lalique. La planche de bord peut même accueillir une œuvre d’art. Ça et un jet privé, c’est pareil…
Une vague de coupleSur la route, la Phantom semble surfer sur une vague créée par le couple titanesque de 664 lb-pi ainsi que les 563 chevaux développés par son V12 biturbo de 6,75 litres. Les changements de rapports de la boîte automatique sont absolument imperceptibles, et la conduite ne demande aucun effort.
Pour évaluer la dynamique de la Phantom, j’ai mis le cap sur la route de montagne menant vers Idyllwild. La Phantom n’a éprouvé aucune difficulté lors de cette ascension vers le sommet, la suralimentation par turbocompresseur annulant la plus faible densité de l’air en altitude. Cependant, cette route est parfois étroite car elle serpente entre des parois rocheuses et, comme la Phantom est plus longue et plus lourde qu’un Cadillac Escalade, une certaine prudence était de mise sur ces tronçons en raison de son gabarit hors normes.
La direction s’est montrée lente mais précise, et il est possible de guider la Phantom avec un seul doigt sur le volant, ce qui est vraiment impressionnant. Comme la voiture mesure plus de six mètres en longueur, on apprécie beaucoup la contribution des roues directrices à l’arrière, ce dispositif ayant pour effet de la rendre plus maniable. Évidemment, les liaisons au sol sont assurées par une suspension pneumatique qui se moque littéralement des bosses et autres imperfections de la chaussée. Au cas où ça vous intéresse, la Phantom est loin d’être frugale avec une moyenne supérieure à 20 L/100 km, mais aucune autre voiture n’offre un niveau de confort aussi relevé.
Avec sa peinture Dark Emerald et ses jantes de 22 pouces forgées peintes en noir, « notre » Phantom affichait un look classique et un brin rebelle à la fois, un peu comme James Bond en smoking mais avec un sourire en coin.
Bien sûr, le prix de la Phantom est conséquent. Son prix de base est de 635 000 $ et la facture de notre voiture d’essai dépassait allègrement les 860 000 $, la liste d’options ajoutées, d’une valeur de plus de 225 000 $, faisant une page complète à simple interligne. Tout cela nous amène au fait qu’aucun client n’achète une Rolls-Royce « de base », et que les véhicules produits par la marque font l’objet d’une personnalisation qui n’a que l’imagination de l’acheteur comme seule limite.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Gabriel Gélinas
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