Peu de temps après l’arrivée de la Volvo S90, la stratégie de commercialisation de cette grande berline a dû être revue. L’assemblage est passé de la Suède à la Chine, là où ce type de voiture brille par sa popularité. Ainsi, il a été décidé de ne conserver que la version à empattement allongé, ce qui fait pratiquement d’elle une berline pleine grandeur.
En 2021, seules 21 unités de la Volvo S90 ont trouvé preneur à l’échelle de la province, ce qui en fait de loin le véhicule le moins populaire de la gamme chez nous.
Cet automne, Le Guide de l’auto a mis à l’essai la Volvo S90 Recharge 2022 sur les routes de la métropole, de la Montérégie et de la Mauricie. Voilà le résumé complet de nos impressions.
Fabuleuse mécanique complexeVisant un marché de niche, la Volvo S90 n’a pas une gamme très étendue. Les consommateurs ont le choix entre deux versions : Inscription et Inscription Recharge. C’est cette dernière que nous avons mise à l’essai.
Son capot renferme une mécanique aussi fabuleuse que complexe. Il s’agit d’un moteur à quatre cylindres de 2,0 L. Jusque-là, il n’y a rien de bien spécial, on en conviendra. Or, ce bloc est agrémenté à la fois par la turbocompression et la suralimentation. Mais ce n’est pas tout. Il hérite également de la technologie hybride rechargeable. Voilà un sacré festin mécanique et technologique!
Le tout génère 400 chevaux et 472 lb-pi. Au cours de notre essai, nous n’avons jamais constaté que la S90 manquait de souffle. C’était franchement impressionnant. Nous avons apprécié l’instantanéité au décollage permis par le moteur électrique D’ailleurs, nous invitons quiconque à monter à bord de cette voiture et de deviner que la cylindrée n’est pas plus grande qu’un contenant de lait. Volvo prouve encore une fois son savoir-faire avec cette épatante technologie baptisée T8. Si la transmission automatique à huit rapports effectue du bon boulot, le levier de vitesses, lui, requiert un minimum d’adaptation. En effet, une double manipulation est nécessaire, par exemple, pour passer du P au D ou du D au R..
Tel que nous le mentionnions, la S90 compte sur une technologie hybride rechargeable. Ainsi, il est possible de parcourir jusqu’à 61 kilomètres avec une charge complète grâce à la batterie de 11,6 kWh. Au terme de notre essai s’étant prolongé sur 880 kilomètres au cours duquel nous avons recouru à une borne de recharge à trois reprises, l’ordinateur de bord affichait une cote de consommation de 7,2 L/100 km. C’est très peu pour une berline de ce format aussi performante.
Dans le cas d’un utilisateur qui effectue de courts trajets quotidiens, il serait possible d’abaisser davantage la consommation moyenne. De son côté, Ressources naturelles Canada annonce une cote de 8,1 L/100 km en conduite combinée. Évidemment, le fabricant recommande le carburant super (octane 91).
Dans le cas de la version Inscription d’entrée de gamme, elle jouit du même moteur, sans toutefois la présence de l’hybride rechargeable. Sans surprise, la S90 est dotée du rouage intégral, ce qui en fait une voiture agréable et pratique toute l’année durant au Québec.
La routière par excellenceLa Volvo S90 n’a aucune prétention sportive comme c’est le cas de certaines berlines allemandes. C’est une limousine suédoise, point à la ligne. Elle est silencieuse, spacieuse et infiniment confortable. En outre, la position de conduite nous a grandement plu, et l’espace aux places arrière est surprenant. En revanche, nous reprochons à ce modèle de ne pas avoir un dossier rabattable. Certes, le coffre est gigantesque, mais un dossier rabattable permet de transporter plus facilement de longs objets. Heureusement, une trappe à skis est présente dans l’accoudoir central.
Sans être révolutionnaire dans son approche stylistique, la Volvo S90 est une grande berline à la fois chic et élégante. Bien que son empattement soit allongé comparativement au modèle initial, nous ne percevons pas une distorsion des proportions.
La S90 n’est toutefois pas parfaite : il faudra composer avec une fiabilité hasardeuse et des coûts d’entretien élevés.
La moitié du prix d’une BMW Série 7Dans les faits, la Volvo S90 est une berline intermédiaire de luxe. Or, étant donné qu’elle a été considérablement allongée, elle peut aisément concurrencer les berlines pleine grandeur.
Au chapitre du prix, la S90 est imbattable : étiquetée à partir de 72 879 $ dans sa version d’entrée de gamme, elle passe à 80 879 $ pour la variante T8. Il faut ajouter 5 850 $ pour obtenir l’Ultimate qui comprend notamment l’excellente chaîne Harman Kardon, les sièges avant ventilés et l’affichage tête haute. Il suffit de jeter un œil à la concurrence pour remarquer qu’il s’agit d’une offre fort alléchante. Mercedes-Benz propose la Classe S à partir de 129 100 $. BMW vend la Série 7 à partir de 147 000 $. Quant à la nouvelle Genesis G90, elle affiche un prix d’entrée de 115 150 $.
Même dans sa version Recharge, la S90 n’est admissible à aucun crédit gouvernemental pour l’achat d’un véhicule hybride rechargeable.
En brefÉvidemment, la Volvo S90 n’a rien d’un succès commercial. Il ne faudrait d’ailleurs pas s’étonner que le constructeur la retire un jour de son catalogue en Amérique du Nord.
En dépit de l’indifférence des acheteurs face à la S90, cela ne lui enlève pas ses nombreuses qualités. Assurément dans l’ombre des grandes berlines de luxe allemandes, considérablement plus dispendieuses, la S90 a du mal à se démarquer. Sur une note plus personnelle, bien que nous ayons apprécié sa conduite et sa technologie mécanique, nous avons une préférence pour la V90 Cross Country. Hélas, celle-ci ne peut être dotée de la mécanique T8.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Germain Goyer
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