Les acheteurs de véhicules de luxe ont désormais l’embarras du choix. Au fil des ans, Genesis, Polestar, Lucid et Tesla, pour ne nommer que celles-là, ont fait leur apparition dans un marché qui paraissait jusque-là très stable. Un marché où le luxe et l’exclusivité se définissaient depuis des lustres par des noms comme Mercedes-Benz, BMW, Jaguar et Maserati.
Parmi ces nouvelles venues, Genesis en a surpris plus d’un par la haute qualité et le raffinement de ses produits. La berline G80 dont nous avons fait l’essai avant les premières chutes de neige en témoigne éloquemment.
Une jeune marque du groupe Hyundai-KiaC’est en 2015 que Genesis est devenue la troisième marque du groupe Hyundai-Kia. Le constructeur coréen l’a créée pour avoir une présence dans les créneaux haut de gamme. Non seulement ils sont lucratifs, mais c’est souvent par là qu’apparaissent les nouvelles tendances en matière d’esthétique et de technologies. Dans ce contexte, la G80 est devenue la rivale des Mercedes-Benz Classe E, BMW Série 5, Audi A6, Volvo S90 et autres du genre.
Le modèle que l’on nous propose actuellement a été dévoilé en Corée du Sud, en mars 2020. Quelques mois plus tard, il a fait ses débuts sur notre marché en pleine pandémie. Depuis, ses ventes sont demeurées limitées. Cette année, par exemple, au terme du troisième trimestre, seulement 288 Genesis G80 avaient trouvé preneur au pays. Si vous croyez que c’est peu, détrompez-vous, car Audi, une marque établie de longue date, n’a livré que 310 berlines A6 durant la même période. Cela s’explique très simplement. À l’instar de ses rivales, ce sont les modèles compacts de Genesis — la berline G70 et l’utilitaire GV70 — qui sont, et de loin, les plus populaires actuellement. Pour preuve, pendant ces trois premiers trimestres, Genesis a vendu presque dix fois plus de GV70 que de G80 aux Canadiens.
Une silhouette éléganteLes ventes réalisées confirment cependant qu’il existe un marché pour cette grande berline. D’ailleurs, elle affiche une silhouette attrayante, comme en témoignent plusieurs commentaires approbateurs entendus durant notre essai. On la distingue aisément du modèle qu’elle a remplacé par ses phares avant à DEL cachés sous de longues bandes translucides horizontales, un élément de design désormais commun à tous les véhicules de la marque, tout comme la très large grille en forme de blason.
Sa carrosserie redessinée se caractérise aussi par des épaulements prononcés au niveau des arches de roue, à l’arrière surtout, et par un pavillon arqué qui s’étire finement jusqu’à l’arrière . Pour la G80, cette forme populaire ne va pas à l’encontre du confort toutefois. L’habitacle profite d’un empattement très long, de 3 m, faisant en sorte que les passagers arrière ont droit à un dégagement princier pour les jambes et les pieds. Ils n’ont pas besoin d’être gymnastes pour s’installer, le pavillon n’étant pas trop arqué au-dessus de leur banquette.
Si le confort à l’arrière est princier, à l’avant il est royal! C’est le cas, du moins, à bord de la G80 3.5T Sport Plus, la version que nous avons conduite. Le conducteur et le passagers s’assoient dans des sièges baquets amples habillés de cuir souple, offrant une multitude de réglages (16 pour le conducteur et 12 pour le passager). C’est sans oublier le soutien lombaire de ces sièges qui en ajoute quatre de plus. C’est idéal pour profiter de l’ambiance feutrée que procure cet habitacle bien insonorisé. En outre, le siège Ergo réservé au conducteur de cette version, la plus cossue du lot, dispose même d’appuis latéraux ajustables qui se gonflent lors d’une accélération à l’emporte-pièce pour mieux supporter le corps. C’est divin!
La planche de bord est moderne et paraît plus dégagée que celle de l’ancienne G80. Pour les versions 2.5T Advanced et 3.5T Sport, moins chères, elle est rehaussée de garnitures d’aluminium, alors que le constructeur affirme le statut haut de gamme de la 3.5T Sport Plus en la dotant de garnitures de fibre de carbone.
Beaucoup de touches tactilesDerrière le volant, un écran numérique fournit au conducteur une foule d’informations relatives à la conduite. Dans les deux versions les moins chères, il mesure 8 po, alors que l’on réserve à la 3.5T Sport Plus un écran 3D de 12,3 po plus sophistiqué. À la droite de cet écran, le centre de la planche de bord est dominé par l’écran tactile de 14,5 po du système d’infodivertissement. Très large, il a une visière mate qui n’engendre jamais de reflets gênants. On souhaiterait en trouver une sur tous les écrans tactiles de l’industrie! En revanche, on aimerait moins dépendre des commandes tactiles qui servent à régler le chauffage et la ventilation de la version Sport Plus. Surabondantes et petites, elles sont compliquées à manipuler et forcent le conducteur à détourner son attention de la route.
Il en va de même pour ces autres commandes, tactiles elles aussi, insérées dans le volant de la Sport Plus — un volant qui se prend bien en main, par ailleurs. Elles sont si sensibles qu’il suffit de les effleurer pour actionner quelque chose par mégarde et, du coup, être distrait inutilement...
Le coffre de cette longue berline n’impressionnera personne. Il a un seuil proéminent gênant, une ouverture courte et des formes peu pratiques. Il est même moins volumineux que celui d’une Hyundai Elantra (424 litres contre 402). On est loin des coffres mieux taillés ayant 530 L et plus de volume utile qu’ont l’A6 et la Classe E.
Des roues arrière qui tournentLes belles roues en alliage à motif G-Matrix communes aux deux G80 3.5T portent des pneus Pirelli quatre saisons de 20 po taille basse (245/40R20 devant et 275/35R20 derrière). L’ensemble donne fière allure à la berline aux dépens de la précision directionnelle. En effet, la direction paraît parfois floue, surtout sur les autoroutes où les poids lourds creusent des ornières. Cela jette ombrage à la direction intégrale.
Ainsi, les roues arrière pivotent lorsque l’on braque les roues avant. À des vitesses supérieures à 60 km/h, elles peuvent pivoter de 2 degrés dans le même sens que les roues avant pour accroître la manoeuvrabilité, alors qu’à moins de 60 km/h ce pivotement peut atteindre 3,5 degrés, mais dans le sens opposé, ce qui rend cette berline de 5 m très maniable. Deux ou trois degrés, ça peut paraître insignifiant, mais quand on est au volant et qu’il faut manoeuvrer dans un stationnement bondé, ça paraît!
Deux moteurs fougueuxLes trois modèles inscrits au catalogue de la marque se partagent deux motorisations suralimentées. La G80 2.5T Advanced, la version d’entrée de gamme, est animée par un 4 cylindres à turbocompresseur de 300 ch qui livre ses 311 lb-pi de couple entre 1 650 et 4 000 tr/min. Quant aux G80 3.5T Sport et Sport Plus, elles partagent un V6 biturbo de 3,5 L et 375 ch qui produit plus de couple sur une bande de régimes plus étendue, soit 391 lb-pi de 1 300 à 4 500 tr/min. Ces cotes expliquent pourquoi le V6 est le plus inspirant des deux moteurs par sa souplesse et sa capacité d’accélération accrues. Il abat les 100 km/h en moins de 5,3 s, tandis que le 4 cylindres y arrive en 6,1 s.
Ces deux moteurs sont jumelés à une boîte de vitesses à 8 rapports et, pour le Canada, Genesis n’offre pas de G80 à roues arrière motrices, que des intégrales, ce qui est bien. La souplesse et la puissance du V6 ont cependant un coût qui se mesure en litres de carburant super. Le constructeur attribue au V6 une moyenne de 12,6 L aux 100 km/h, ce que notre essai a validé à quelques dixièmes de litres près. Le 4 cylindres de la G80 2.5T, quant à lui, se contente de 9,5 L.
Électrisé par la G80 ?Cette soif pour l’or noir poussera peut-être certains acheteurs de G80 à envisager l’achat d’une nouvelle variante qui s’ajoute à la gamme de cette berline en 2023 : la G80 Électrifiée (Electrified G80 pour les anglophones). Cette G80, ressemblant aux trois autres comme deux gouttes d’eau, est munie de deux moteurs de 136 kW alimentés par une batterie aux ions de lithium de 87,2 kWh qui entraînent les quatre roues.
Cette motorisation procure l’équivalent de 365 ch, soit amplement de puissance pour abattre les 100 km/h en 4,9 s. La G80 Électrifiée est donc la version la plus rapide de la gamme. Sa batterie aurait assez de « jus » pour lui permettre de parcourir jusqu’à 454 km, selon le constructeur, assez pour aller de Québec à Montréal d’un trait. Mais l’électrification aussi a un prix, puisque la G80 Électrifiée est offerte à partir de 105 150 $. On est loin des versions thermiques, dont les prix s’étalent de 69 000 $ (2.5T Advanced) à 82 500 $ (3.5T Sport Plus). Des prix de type « tout compris » auxquels il ne reste qu’à ajouter les taxes et qui comprennent un programme d’entretien régulier de cinq ans assorti d’un service de voiturier.
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Source : GuideautoWeb.com, par Jacques Bienvenue
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