Opérant sous l’égide du géant Stellantis, Alfa Romeo ne comptait jusqu’à tout dernièrement que deux véhicules dans son catalogue. Avec ce choix restreint, une réputation peu resplendissante au chapitre de la fiabilité et un réseau de concessionnaire limité, le petit constructeur n’avait pas toutes les bonnes armes pour s’attaquer aux grands ténors européens du créneau haut de gamme.
En contrepartie, cette situation amène certains avantages. La singularité en est un, mais également le fait que le constructeur peut élaborer des stratégies très rapidement. Donc, électrifier la totalité de sa gamme s’avèrera bien plus facile que pour ses rivaux. Chez Alfa, on tient mordicus à transposer « l’émotion » et le plaisir de conduire dans ces nouveaux modèles électrifiés. Et on dispose du vaste inventaire de composantes mécaniques de Stellantis pour y parvenir.
Le Guide de l’auto s’est rendu dans la région de Milan en Italie pour faire l’essai de l’Alfa Romeo Tonale PHEV 2024, celui qui est chargé de donner le ton à l’électrification chez le constructeur italien qui veut être entièrement électrique en 2027.
Une mécanique italo-américaineL’Alfa Romeo Tonale PHEV est animé par une motorisation hybride composée d’un 4 cylindres de 1,3 litre turbocompressé sous le capot à l’avant, jumelé à un moteur électrique à l’arrière raccordé à une batterie d’une puissance de 15,5 kWh. Le tout développe une cavalerie de 280 chevaux et un couple de 305 lb-pi. Cette mécanique est l’une des multiples composantes partagées avec le Dodge Hornet R/T. Les deux modèles sont d’ailleurs assemblés à l’usine Pomigliano d’Arco à Naples, en Italie.
Cette configuration donne au Tonale PHEV la traction intégrale de série, un rouage qui opère sans lien mécanique entre l’avant et l’arrière.
Le comportement du Tonale est largement influencé par le sélecteur de modes de conduite DNA, qui est un pillier chez Alfa Romeo côté dynamique de conduite. Proposant trois modes différents (Naturel, Efficacité avancée et Dynamique), le DNA change le caractère du véhicule de manière drastique, contrairement à certains sélecteurs du même type qui vont se contenter de moduler la réponse à l’accélérateur et changer les effets colorés dans le bloc d’instrument.
En mode Dynamique, la boite à 6 rapports nous a paru bien calibrée, offrant une réponse prompte à l’accélérateur et priorisant des changements de vitesse rapides. La suspension fait également un travail de maître à minimiser le roulis, tandis que la direction qui se resserre pour un maximum de précision.
En mode Efficacité, le Tonale PHEV se sert strictement de la motorisation électrique jusqu’à ce que la batterie soit épuisée. On parle d’environ 50 kilomètres d’autonomie sur papier. Mais au cours de notre essai, nous avons réussi à parcourir 57 kilomètres sans rouler en « électromobiliste zélé », ce qui est somme toute une bonne nouvelle. On ajoute même un brin de sportivité, car on se sert exclusivement du moteur électrique qui anime les roues arrière.
En mode Naturel, la conduite semble manquer un peu de saveur, toutes choses considérées, avec une direction un peu déconnectée et la transmission qui semble chercher le bon rapport dans certaines situations.
En somme, la communication entre le moteur thermique et l’électrique est étonnamment bien calibrée, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce type de configuration. On profite de transitions sans accrocs qui mettent à profit le couple instantané du moteur électrique et la turbocompression. Gracieuseté de l’équipementier Mopar, la mise en action du turbo est franchement rapide et sans délai de type lag considérant la petite cylindrée. Un système de freinage franc permet de calmer les ardeurs des conducteurs moins prévoyants.
Un habitacle sans prétentionSi l’habitacle du Tonale exhibe des similitudes avec celui du Dodge Hornet R/T au chapitre de la disposition des éléments, il y a une différence tout de même notable dans la sélection des matériaux. Sans tomber dans le grand luxe, l'intérieur du Tonale déploie un bon amalgame d’éléments sportifs et premium. La position de conduite est bien ajustée, mais le confort livré par la sellerie est discutable. Le maintien latéral est bon, mais le niveau de fermeté des sièges nous a semblé trop poussé.
Le système d’infodivertissement est diffusé sur un écran de 10,25 pouces au centre du tableau de bord. Il est basé sur le populaire Uconnect5 de Stellantis, mais perd quelques points sur le plan de la facilité d’utilisation avec ses menus encombrés.
Côté espace de chargement, on propose tout de même 648 litres de volume derrière la deuxième rangée de sièges, ce qui est satisfaisant considérant la présence du moteur électrique et de la batterie. Mais la forme « coupé » à l’arrière du Tonale limite la polyvalence en hauteur de cette soute à bagages.
Le mot de la finEn somme, l’Alfa Romeo Tonale PHEV est un produit réussi et donne le ton à la transition électrique du constructeur italien. Il serait facile de lui donner l’étiquette de « Hornet R/T orné d'un écusson Alfa Romeo », mais la réalité est largement plus nuancée.
Même s’il partage maintes caractéristiques avec ce dernier, il offre sa propre signature en mettant en œuvre l’ingénierie propre à Alfa Romeo sur le plan esthétique, mais surtout au chapitre de la dynamique de conduite.
Sur le plan financier, le Tonale PHEV affiche un prix de départ de 54 995 $, auquel il faut ajouter les frais de livraison (2 095 $) et les taxes. Sa batterie de 15,5 kWh lui permet de recevoir le maximum de subventions dans la Belle Province, donc on peut retrancher 5 000 $ du provincial et 5 000 $ du fédéral du montant total.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Louis-Philippe Dubé
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