Beaucoup de constructeurs automobiles tentent de raviver le passé dans l’espoir de toucher les cordes sensibles des consommateurs. C’est justement ce qu’a fait Ford en ressuscitant le Bronco.
Lancé en même temps pour 2021, le Bronco Sport ne peut compter sur une riche histoire. Il a davantage de points en commun avec l’Escape, mais Ford lui a collé le nom « Bronco » pour faire rêver les gens et leur donner l’impression de conduire un mini 4x4. Pour 2023, la nostalgie va plus loin sous la forme d’éditions Heritage et Heritage Limited produites en quantités limitées et dont l’inspiration provient du Bronco original de 1966.
Que vaut cette version hommage? Nous en avons fait l’essai et, sans surprise, l’ensemble est loin d’être suffisant pour éclipser les défauts du véhicule.
Pour le style d’abordÀ l’extérieur, les designers de Ford ont été assez fidèles, apposant un fini Blanc Oxford au contour de calandre et au toit. Même chose pour les roues de 17 pouces d’allure rétro qui, il faut le préciser, ne sont pas en acier comme à l’époque mais plutôt en aluminium. Une mince ligne blanche avec l’inscription manuscrite « Bronco » orne les flancs.
Heureusement, les galeries de toit sont conservées. L’édition Heritage se contente de pneus Continental CrossContact ATR aux capacités hors route limitées, alors que la Heritage Limited reçoit des pneus tout-terrain Falken Wildpeak A/T plus mordants et de plus grande taille (29 pouces), augmentant donc légèrement la garde au sol. Elle ajoute aussi des crochets de remorquage et un écusson « Bronco » sur les portières avant.
Quelques considérations pratiques sont à souligner si vous n’êtes pas familier avec le Bronco Sport. D’abord, l’énorme creux entre le capot et le pare-brise (où sont montés les essuie-glaces) accumulera beaucoup de neige et de glace en hiver. Puis, en soulevant ledit capot, vous verrez qu’il n’y a aucun couvercle pour protéger le moteur ou le rendre plus silencieux. Dernière chose : une caméra avant aurait été souhaitable pour rouler plus en confiance dans certains sentiers et terrains accidentés. Dommage qu’elle soit exclusive à la Heritage Limited.
Intérieur pratique, mais avec ses irritantsL’intérieur du Ford Bronco Sport Heritage se distingue grâce aux sièges en tissu à motifs à carreaux. Des éléments contrastants Blanc Oxford se retrouvent notamment dans les garnitures de portes. De nombreux autres en Bleu marine évoquent le tissu de certains Bronco… des années 1980. En version Heritage Limited, les sièges sont garnis de cuir. Peu importe le choix, leur bon rembourrage est satisfaisant, mais leur manque de soutien latéral est regrettable, à moins d’être un conducteur de plus grand gabarit.
Le dégagement pour la tête s’avère très généreux aux deux rangées. En revanche, les passagers arrière n’ont pas tant de place pour leurs jambes. Évidemment, le problème ne se pose pas pour des enfants – le Bronco Sport s’adresse surtout aux petites familles.
La visibilité est adéquate dans l’ensemble. Idem pour le volume de chargement (de 920 à 1 846 litres), mais sachez que l’édition Heritage Limited en offre un peu moins. L’accès à la soute, rappelons-le, peut se faire en soulevant le hayon ou seulement la vitre. Points bonis pour le derrière caoutchouté et lavable des dossiers… et l’ouvre-bouteille intégré dans le cadre du hayon!
Que dire d’autre par rapport à l’habitacle? La présentation se veut résolument utilitaire et moins raffinée que dans certains concurrents. On le voit par le choix des matériaux et l’aménagement des commandes. Par ailleurs, le bruit du vent à haute vitesse dérange, tout comme les craquements provenant du toit ouvrant. L’écran central de 8 pouces peut paraître petit, mais il est facile d’accès et le système SYNC 3 qui l’anime est rapide et convivial et ne cause guère de distractions en conduisant.
Quatre cylindres valent mieux que troisLe Ford Bronco Sport Heritage se base sur la version Big Bend, donc il renferme un trois cylindres turbocompressé de 1,5 litre. Pour une majorité d’acheteurs, ses 181 chevaux et 190 lb-pi de couple conviennent à un usage quotidien. Trop souvent, par contre, le temps de réponse du turbo agace, le moteur gronde excessivement et la boîte automatique à huit rapports qui l’accompagne ne semble pas savoir ce qu’elle fait, occasionnant de nombreux à-coups désagréables.
Et oubliez l’idée d’économiser de l’essence avec cette version. La cote officielle de Ressources naturelles Canada (8,9 L/100 km) le confirme, tout comme notre moyenne de 9,8 L/100 km au terme d’un essai comprenant 75% de conduite en ville et hors route.
Le Bronco Sport propose cinq modes de conduite : Normal, Éco (à éviter!), Sport, Glissant et Sable. Alterner de l’un à l’autre via la petite molette sur la console n’oblige pas à détourner notre attention de la route, ce qui est bien. Le roulement est stable et plat en général, mais dur sur les chaussées endommagées, tandis que la direction manque de précision. Le freinage ne suscite aucun reproche, cependant.
N’eût été le prix (nous y reviendrons dans une minute), nous recommanderions sans hésiter l’édition Heritage Limited. Elle est plutôt basée sur un Bronco Sport Badlands avec un quatre cylindres turbocompressé de 2 litres développant 250 chevaux et 277 lb-pi de couple. Certes, la consommation grimpe officiellement à 10,2 L/100 km, en revanche, les performances seront beaucoup plus convaincantes.
Un prix à payerLe Ford Bronco Sport 2023 coûte déjà plus cher que la plupart des autres VUS compacts sur le marché. Les éditions Heritage et Heritage Limited se vendent respectivement à partir de 44 094 $ et 58 844 $, transport et préparation inclus, soit un supplément de 3 000 $ et 10 500 $ par rapport aux versions Big Bend et Badlands. C’est sans parler des quelques options et accessoires qu’il est encore possible de greffer. Scandaleux!
Le clin d’œil au Bronco original est une bonne idée, mais la nostalgie a ses limites. Si vos moyens vous le permettent, tant mieux, mais ça ne vous aidera pas vraiment à endurer les divers irritants du Bronco Sport. Et à quand une variante hybride comme l’Escape ?
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Source : GuideAutoWeb.com, par Guillaume Rivard
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