Stuttgart, Allemagne. Porsche a invité quelques journalistes canadiens et un seul média québécois à assister aux célébrations des 75 ans de la marque. Un reportage que vous pouvez d’ailleurs retrouver en cliquant ici. En plus de cet évènement d’ampleur pour le constructeur, le Guide de l’auto a aussi eu l’occasion de conduire deux Porsche 911 produites en série limitée : les versions Sport Classic et Targa 4S Heritage Design Edition.
Porsche mise sur des références à son passé glorieux, tout en conservant la modernité d’une 911 actuelle. Extérieurement, la Sport Classic revêt la carrosserie élargie de la 911 Turbo, sans ses entrées d’air caractéristiques. Sur le capot moteur, l’aileron en queue de canard rappelle évidemment la mythique 2.7 RS présentée en 1972. Des bandes blanches ainsi qu’une « plaque numéro » tranchent avec la couleur Bleu gentiane de notre modèle d’essai. Comme en témoigne son logo apposé sur les ailes avant, ce véhicule provient des ateliers de Porsche Exclusive Manufaktur, officine d’où sortent les modèles les plus prestigieux du constructeur allemand.
Porsche a aussi fait des clins d’œil au passé via le logo de 1963 sur le capot avant, des jantes rappelant les célèbres « Fuchs » des années 1960 et 70 ainsi qu’un badge « Heritage » évoquant celui apposé sur les 356 qui atteignaient 100 000 km.
À l’intérieur, le principal changement est évidemment le tissu noir et blanc de type pied-de-poule qui a habillé les sièges de divers modèles Porsche il y a une cinquantaine d’années. Enfin, à l’intérieur comme à l’extérieur, plusieurs inscriptions sont dorées. La plus marquante est celle située à droite du tableau de bord. Le véhicule qui est mis à notre disposition porte le numéro 0000 sur les 1 250 produits. Cela signifie qu’il ne fait pas partie des voitures destinées à la vente et va rejoindre la précieuse collection de Porsche dans un avenir proche.
Honneur à la Sport ClassicLe parcours prévu par le constructeur allemand débutait à Stuttgart à quelques centaines de mètres du musée Porsche en direction de la Forêt-Noire, 150 kilomètres plus loin. Là-bas, un changement de voiture était prévu pour le trajet de retour. Très varié, cet itinéraire passait par les incontournables autobahn sans limites de vitesses, mais aussi par des routes sinueuses peu fréquentées. Une épreuve parfaite pour une Porsche 911, et ce, peu importe la version choisie.
Pour débuter notre essai, nous avons opté pour le modèle Sport Classic. Dès les premiers mètres, les sensations de conduite rappellent les autres 911 à boîte manuelle. Les rapports passent en douceur, et le faible débattement du levier autorise des passages de vitesse éclair. Pour ne rien gâcher, la consistance et la progressivité de l’embrayage frôlent le sans-faute. Fort en couple, le flat-6 dispose de suffisamment de force pour s’insérer dans la circulation sans avoir besoin de changer de rapport trop souvent. Même à 40 ou 50 km/h, la 911 se relance sur le cinquième rapport sans la moindre réprobation. Sur l’autoroute, des bruits de roulement commencent à se faire entendre. Un irritant typique de la 911 dont la taille pneumatique généreuse impose forcément quelques compromis en matière d’acoustique.
Sur le septième et dernier rapport, la Sport Classic file à 130 km/h en ronronnant tranquillement. Un mouvement plus appuyé du pied droit vous transporte 100 km/h plus vite dans un souffle. Impressionnant! Menée à haute vitesse, la 911 demeure imperturbable, le niveau sonore restant tout à fait acceptable même lorsque l’on évolue à près de 230 km/h. À cette vitesse, les kilomètres défilent rapidement et il est déjà temps de sortir pour emprunter des routes moins rectilignes.
Dans ces conditions, la combinaison d’un moteur puissant, d’une excellente boîte manuelle et d’un châssis tranchant dessine un grand sourire sur le visage du conducteur. Les 543 chevaux, qui en font la 911 à boîte manuelle la plus puissante, sont bien présents sous le pied droit. Bien que le flat-6 monté dans la Sport Classic soit turbocompressé, on retrouve certaines similitudes avec un bloc atmosphérique, notamment une montée en régime progressive jusqu’à 5 000 tr/min, avant un déferlement de puissance passé ce régime.
Le châssis se montre tellement efficace qu’il n’y a pas l’ombre d’une alerte derrière le volant. La vélocité augmente, mais la Sport Classic demeure très facile à conduire, repoussant les limites sans jamais se montrer piégeuse. Le freinage est également impérial, grâce à un mordant, une puissance et un dosage sans reproches. Il n’y a que sur un circuit qu’il serait possible d’entrevoir les limites d’une telle voiture.
Retour en Targa 4S HeritagePour le chemin du retour, nous avons pris le volant de la 911 Targa 4S Heritage Design Edition. Il s’agit d’une série limitée à 992 exemplaires, nom de code de la 911 actuelle. Et une nouvelle fois, cette voiture porte le numéro 000. Inspirée des années 50 et 60, elle est peinte dans un rouge plutôt voyant, et arbore les mêmes autocollants et insertions dorées que la Sport Classic. Comme cette dernière, l’auto provient des ateliers de Porsche Exclusive Manufaktur, et porte le badge Heritage sur son capot arrière. L’intérieur, rouge et beige, est également très réussi. Mention spéciale au velours côtelé qui recouvre une partie des sièges et des panneaux de porte, renforçant l’aspect rétro de l’ensemble.
Côté motorisation, Porsche a conservé le 6 cylindres turbo de 3 litres de la Targa 4S, développant 443 chevaux et 390 lb-pi de couple. Contrairement à la Sport Classic, la transmission retenue est une automatique PDK à 8 rapports. En conduite, la boîte facilite le travail du conducteur dans la circulation et impressionne toujours par sa capacité à « lire la route » tout en changeant de rapport au bon moment.
Moins puissante et plus lourde que la Sport Classic, la Targa 4S Heritage se montre tout de même étonnante. Serpentant dans les montagnes allemandes, on note que son moteur est plus rempli à tous les régimes mais moins explosif à l’approche de la zone rouge. Toutefois, n’allez pas imaginer qu’elle réalise des performances en demi-teinte. Les sorties de virage demeurent énergiques et l’allonge du flat-6 épate toujours. Autre avantage de la Targa, un arrêt rapide sur le bord de la route et quelques secondes suffisent pour se retrouver cheveux au vent, avec le bruit rauque du moteur en guise de bande sonore.
Au terme de cet essai, mêlant excitation et appréhension de conduire des voitures aussi rares et précieuses, il est indéniable que les Porsche signées Exclusive Manufaktur réussissent à susciter encore plus d’émotions que la gamme « normale ». De notre côté, nous avons eu un faible pour la Sport Classic. Avec sa boîte manuelle, son moteur explosif, sa finition irréprochable et sa rareté, elle coche beaucoup de cases pour un passionné de la marque. Une sorte de compromis ultime entre modernisme de pointe et nostalgie d’un passé glorieux.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Julien Amado
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