Quels ont été les deux VUS sous-compacts les plus vendus sur le marché l’an dernier? Le Hyundai Kona et le Kia Seltos. Deux produits parfaitement adaptés aux besoins des acheteurs canadiens, aussi modernes qu’attrayants, et offerts dans une multitude de versions afin de rejoindre une large clientèle. Depuis le début de cette année, c’est le Seltos qui domine, alors que le Kona est en plein changement. Non loin derrière suit le populaire Subaru Crosstrek, lui aussi très sérieux, puis avec un nombre comparable, les Honda HR-V, Mazda CX-30, Nissan Qashqai, Toyota Corolla Cross et Volkswagen Taos.
Pour Toyota, percer ce marché est primordial. Notamment depuis l’échec du C-HR, qui devait initialement être vendu sous l’emblème Scion et qui a maladroitement été rapatrié dans le catalogue Toyota. N’oublions pas non plus que depuis une dizaine d’années, le constructeur a privé les acheteurs canadiens d’une voiture qu’ils adoraient, la Matrix. Un modèle dérivé de la berline Corolla avec un bel espace de chargement et l’offre d’un rouage intégral. Certes, le constructeur japonais aura aussi tenté de séduire ces acheteurs avec la Scion iM/Corolla iM, mais là encore, la clientèle n’a pas mordu à l’hameçon.
Aujourd’hui, on peut affirmer que le Corolla Cross possède ce qu’il faut pour bien se défendre dans le segment. Celui-ci nous ramène à l’époque de la Matrix mais dans une formule un tantinet surélevée, nécessaire pour recevoir l’étiquette « VUS ». De cette façon, les Américains ne pourront pas la bouder comme ce fut le cas avec la Matrix, expliquant d’ailleurs sa disparition.
Cela dit, le Corolla Cross ne faisait jusqu’ici rien de mieux que la concurrence. Sur le plan technique, j’entends, puisque nous savons déjà qu’il propose une fiabilité et une qualité de construction à la hauteur des attentes des acheteurs de la marque, lesquels sont généralement beaucoup plus capricieux que la moyenne en la matière.
Présentation qui manque de punchIl est vrai que le Corolla Cross vise dans le mille. Toutefois, on peut s’interroger sur ses ventes qui sont jusqu’à maintenant de 50% inférieures à celles du Kia Seltos. Un véhicule qui, contrairement au Hyundai Kona, ne peut défendre son titre en raison de l’existence de versions électrifiées. Sans doute, une partie de la réponse se trouve dans sa présentation générique et dans son habitacle moins moderne que celui de ses rivaux coréens.
Un style qui ne déplaît pas, qui ne rebute personne, mais qui ne soulève aucune passion. Voilà pourquoi Toyota lance cette année aux États-Unis des déclinaisons baptisées Nightshade, arborant une allure sportive qui pourra donc attirer les acheteurs en quête d’un produit esthétiquement plus dynamique. Le Canada en sera hélas privé, tout comme pour la version S de base de la déclinaison hybride, celle qui nous intéresse aujourd’hui.
Attendu depuis des mois, ce n’est que vers la fin de l’été que le Corolla Cross hybride 2023 a finalement touché le sol canadien. Toyota a évidemment priorisé le marché américain où il est d’ailleurs assemblé, dans une usine conjointe avec Mazda qui y fabrique le CX-50. Pour Toyota, l’offre d’une motorisation hybride est franchement l’as dans la manche du Corolla Cross.
Une formule certes déjà bien connue et désormais employée sur l’ensemble des VUS Toyota, exception faite du vieillissant 4Runner. Cela dit, Toyota est pour l’heure l’unique fabricant à proposer une motorisation hybride dans le segment. Curieux, n’est-ce pas? D’autant plus que du côté des VUS compacts, les hybrides sont nombreux. Pensez aux Ford Escape, Honda CR-V, Hyundai Tucson, Kia Sportage, sans oublier le Toyota RAV4.
Sous le capot, Toyota fait donc appel à un moteur 2 litres de 150 chevaux, accompagné de deux petits moteurs électriques et d’une batterie de 4,1 kWh, afin d’obtenir une puissance maximale combinée de 196 chevaux. Des chiffres comparables aux plus puissantes déclinaisons des Hyundai Kona, Kia Sportage et Subaru Crosstrek, mais avec l’avantage d’une consommation de carburant inférieure allant jusqu’à 3,1 L/100 km (35% de moins). Il n’y a en fait que Mazda qui, avec le CX-30 Turbo, propose une puissance supérieure de 54 chevaux, à condition de recourir à de l’essence super. Et encore, même le CX-30 à moteur 2,5 litres atmosphérique, générant 187 chevaux,consomme 2,6 L/100 km de plus que le Corolla Cross hybride.
Faites vos maths!Économiser 35% de carburant signifie que pour un automobiliste parcourant 20 000 km par an, le coût de carburant sera inférieur de 1 085 $, sur une base annuelle. Cela, en considérant un litre d’essence ordinaire à 1,75 $. Au fil du temps, vous pouvez donc vous imaginer que l’écart financier ne serait que grandissant, contribuant par le fait même à réduire le taux de dépréciation de votre véhicule, face à ceux qui consomment davantage.
Maintenant, en comparant un Corolla Cross LE AWD avec le Corolla Cross Hybrid SE mis à l’essai (deux véhicules à équipement comparable), on constate d’emblée un écart de prix de 3 800 $. Un déboursé supplémentaire qui serait grosso modo amorti après cinq ans d’utilisation, toujours en tenant compte d’un trajet annuel de 20 000 km avec un litre d’essence vendu 1,75 $. Certains acheteurs roulant peu pourraient donc n’y voir aucun intérêt, mais il faut savoir que chaque dollar dépensé en surplus pour un hybride sera récupéré à la revente, encore une fois en raison d’une plus faible dépréciation.
Le Corolla Cross, c’est également une puissance supérieure, un meilleur silence de roulement et un couple initial aussi élevé qu’instantané - qui contribue grandement au plaisir de conduire en milieu urbain. En outre, l’hybride possède un système de rouage intégral distinct de celui de la version classique à moteur de 2 litres (169 ch), par le fait qu’elle ne possède aucun arbre de transmission. Ce sont plutôt les moteurs électriques logés sur chacun des essieux qui se chargent électroniquement de redistribuer le couple, sans délai et de façon plus efficace. Vous avez donc ici un rouage intégral plus performant qu’avec les versions traditionnelles, bien qu’il ne soit pas encore à la hauteur de ce que proposent Mazda et Subaru, parce que dépourvu d’une répartition latérale du couple.
Confortable et silencieux, le Corolla Cross hybride offre néanmoins une expérience de conduite qui vaut à elle seule le supplément exigé face à la version habituelle. Le véhicule est solide, réagit promptement et propose un équilibre idéal pour une majorité d’acheteurs. Est-il aussi amusant, voire aventurier que le Mazda CX-30 ou le Subaru Crosstrek? Non. Et on peut encore lui reprocher le fonctionnement parfois agaçant de la boîte automatique à rapport continuellement variable (CVT), bien que cela ne survienne que lorsque l’on sollicite sérieusement l’accélérateur. À ce sujet, sachez que cette motorisation permet de boucler le 0 à 100 km/h en 8,1 secondes, ce qui est plus qu’honnête pour un véhicule de cette trempe.
Sombre, mais confortableComme avec le RAV4, Toyota a voulu donner un style un brin distinctif à ses hybrides. Cela se traduit par un habillage éliminant la grille traditionnelle, des jantes uniques et des teintes qui, dans certains cas, lui sont propres. La version SE mise à l’essai était d’ailleurs dotée d’une peinture deux tons optionnelle (540 $) du plus bel effet. Hélas, l’habitacle de l’hybride ne revêt que le noir, mur à mur, à l’inverse d’un modèle L, LE ou XLE. Un environnement très sombre, surtout dans la version SE, dépourvue d’un toit ouvrant et donc, d’un puits de lumière.
Heureusement, le confort y est remarquable. Les sièges sont bien conçus et le dégagement est amplement suffisant, permettant sans problème l’installation de sièges d’appoint pour enfants aux places arrière. Puis, avec 609 litres de volume de chargement, le Corolla Cross se veut des plus pratiques. On reproche cependant à Toyota d’avoir été très conservateur avec la planche de bord, ergonomique mais plutôt vieillotte sur le plan visuel, surtout lorsque comparée aux rivaux coréens. S’y trouvent donc un petit écran central dont la qualité graphique laisse à désirer, et une instrumentation analogique désuète.
Rien de grave, rassurez-vous, car l’ensemble des caractéristiques s’y trouvent, particulièrement dans la version XSE. Un modèle auquel s’ajoutent recharge sans fil, hayon assisté, guidage en marche arrière, cuir synthétique, sièges à réglage électrique, climatisation deux zones, volant chauffant gainé de cuir, toit ouvrant, feux et phares à DEL et bien plus, pour un supplément de 2 770 $. Le rapport prix/équipement semble donc plus alléchant avec la version XSE, ce pour quoi Toyota a choisi de ne pas importer la version S de base, moins lucrative et qui n’aurait sans doute connu que peu de succès.
C’est vrai, le Corolla Cross hybride n’est pas donné. En incluant tous les frais (dont les damnés frais de concessionnaires de 899 $ autorisés par Toyota Canada…), le prix d’entrée est de 36 937 $ pour la mouture SE, et de 39 707 $ pour la XSE. Une somme qui nous ramène au prix d’un RAV4 hybride d’il y a quelques années, confirmant que les sous-compacts d’aujourd’hui sont ..au prix des compacts qui se vendaient durant la pandémie. Cela dit, face à la concurrence, Toyota demeure dans le coup. Surtout si vous considérez encore une fois l’économie de carburant et la plus faible dépréciation qui en découle.
Se pose la problématique question de la disponibilité… Vous pourriez attendre plus d’un an pour mettre la main sur un Corolla Cross hybride, tout dépendant du concessionnaire. Une attente qui en vaut la peine si vous êtes en mesure de patienter. Sachez que pour 2024, aucun changement n’est à prévoir, bien qu’au moment d’écrire ces lignes, Toyota Canada n’avait pas de détails à partager.
------
Source : GuideAutoWeb.com, par Antoine Joubert
------