La fin annoncée de la subvention du gouvernement du Québec à l’achat de véhicules électriques en 2027, confirmée mardi dans le budget du ministre Eric Girard, survient « beaucoup trop tôt » dans le processus d’électrification des transports, déplorent les concessionnaires automobiles.
Instauré en 2012, le programme Roulez vert prévoit entre autres le versement d’une subvention de 7000 $ aux consommateurs québécois pour l’achat d’une voiture 100 % électrique neuve et de 5000 $ pour une voiture hybride rechargeable neuve dont la capacité de la batterie est d'au moins 15 kWh.
Or, dans le budget qu’il a présenté mardi, le ministre des Finances annonce une réduction graduelle de ces subventions au cours des trois prochaines années jusqu’à la fin complète du programme, le 1er janvier 2027.
Rappelons qu’avec les 5000 $ de subvention qu’offre aussi Ottawa, les acheteurs québécois de véhicules électriques bénéficient actuellement d’un rabais cumulé de 12 000 $ sur les véhicules électriques neufs.
Un rabais qui constitue un important incitatif que les concessionnaires automobiles redoutent de voir disparaître.
On pense que c’est beaucoup trop tôt puisque la parité de prix entre les véhicules électriques et les véhicules à essence n’a pas été atteinte encore.
Une citation de Ian P. Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec
Bien qu’ils s’attendent à ce que la fin des rabais de Roulez vert suscite une augmentation de la demande pour des véhicules électriques à court terme, parce que des gens voudront profiter du rabais avant sa disparition, la fin du programme n’est pas de bon augure à plus long terme, croit la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ).On anticipe un ralentissement dans le verdissement du parc automobile au Québec, explique Ian P. Sam Yue Chi, PDG de la CCAQCorporation des concessionnaires automobiles du Québec
. On pense qu’il va y avoir des Québécois qui vont avoir de la difficulté à acquérir ces véhicules tantôt.
Pas de baisse des prix à l'horizon
Pour ceux qui croient que la disparition de la subvention obligera les concessionnaires à réduire le prix – toujours très élevés – des véhicules électriques, pour demeurer compétitifs, n’y comptez pas trop, prévient Ian P. Sam Yue Chi.
Les manufacturiers n’ont pas la latitude pour réagir rapidement et fortement en termes de diminution des prix.
Une citation deIan P. Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec
Selon M. Sam Yue Chi, les constructeurs ont dû engager des dépenses colossales pour adapter leurs usines et leurs technologies en vue de la fabrication de masse de véhicules électriques. Or, il faut calculer un cycle d’environ huit ans avant que les constructeurs n’amortissent ces investissements. Cela devrait maintenir les prix de détail suggérés assez élevés encore un moment.
Le résultat net, c’est que le coût associé à l’achat d’un véhicule électrique va être plus dispendieux, puisqu’on coupe un rabais qui ne pourra pas être compensé par les promotions manufacturières, croit Ian P. Sam Yue Chi, qui ajoute que les concessionnaires n'ont pas été consultés par le gouvernement Legault avant l'annonce de la fin de Roulez vert.