Pour BMW, la transition vers des véhicules totalement électrifiés s’opère un modèle à la fois. Mais quand on est un fabricant réputé pour ses moteurs à essence, en particulier pour avoir sublimé le 6 cylindres en ligne au fil des années, réussir à séduire les amateurs de véhicules électriques sans oublier ceux dont l’essence coule dans les veines n’est pas chose aisée.
À plus forte raison lorsqu’il s’agit de la division M (pour Motorsport), qui symbolise le sommet de la performance et de la sportivité chez BMW. Et le véhicule qui symbolise ce grand écart, c’est sans aucun doute le nouveau BMW iX M60. Un VUS intermédiaire qui se place au sommet de la gamme iX, avec une technologie embarquée et des performances de haut vol.
Aussi puissant qu’un X5 M CompetitionSi l’on voulait dresser une comparaison directe avec un modèle M à essence, c’est du côté du X5 qu’il faudrait regarder. Sous le capot des X5 et X6 M Competition, on retrouve un V8 biturbo de 4,4 litres qui développe 617 chevaux et 553 lb-pi.
Face à cette fiche technique impressionnante pour un VUS, le nouveau iX M60 n’a pas à rougir avec 610 chevaux revendiqués et surtout 811 lb-pi de couple! Voilà pourquoi le X5 M Competition et le iX M60 passent tous les deux de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes, alors que le iX pèse 300 kg de plus sur la balance.
Sur papier, cette version M60 n’a donc rien à envier aux VUS à essence signés Motorsport. Techniquement, le iX M60 dispose d’une batterie de 111,5 kWh (105,2 utilisables). Au moment d’écrire ces lignes, l’autonomie EPA n’a pas encore été annoncée. Selon BMW elle devait s’élever à 450 km.
Il est possible de recharger la batterie avec une borne rapide affichant une puissance maximale de 195 kW, ce qui permet de récupérer 150 km d’autonomie en 10 minutes, ou passer de 10 à 80% de la charge en 35 minutes.
Du côté de la motorisation, BMW a opté pour deux moteurs (un à l’avant et l’autre à l’arrière) ce qui permet de profiter de la traction intégrale. Contrairement à Porsche et Audi, les motoristes n’ont pas implanté une boîte de vitesses à deux rapports. C’est une solution qui a été envisagée, mais qui a finalement été abandonnée pour des raisons de simplicité et d’encombrement.
En revanche, le refroidissement des moteurs a été particulièrement soigné, le iX M60 étant prévu pour de hautes performances. Le liquide de refroidissement utilisé pour la batterie passe dans des conduits dédiés pour réguler la température des moteurs. Autre avantage, la chaleur dégagée par les moteurs peut aussi servir à réchauffer la batterie par temps froid. Toutefois, la solution technique qui nous a le plus surpris, c’est l’utilisation d’un bain d’huile pour le moteur arrière. Sachant que c’est le moteur le plus sollicité des deux, les ingénieurs de BMW ont décidé de remplir d’huile la cavité où le rotor tourne. Là encore, il s’agit de limiter la chaleur excessive produite par le moteur quand on le sollicite fortement.
Ce lubrifiant spécifique, dont les propriétés se rapprochent de celui employé dans les boîtes de vitesses, n’a pas besoin d’être changé régulièrement comme dans un moteur à essence. Selon BMW, la durée de vie de cette huile s’élève à 300 000 km.
Raffinement et technologieQuand on s’installe à l’intérieur, on constate que l’habitacle reprend tous les codes des véhicules actuels, avec un grand écran rectangulaire qui court du côté gauche jusqu’au milieu du tableau de bord.
La qualité de finition est remarquable, avec des matériaux superbes, tant à la vue qu’au toucher. Certains ressentis étonnent, comme le tissu un peu granuleux qui orne les portières, mais les changements de texture apportent un certain cachet à cet intérieur.
L’utilisation de bois à l’endroit où se trouve le sélecteur des modes de conduite est également réussie. En revanche, les insertions imitant des pierres précieuses pour le réglage des sièges et la molette rotative du iDrive peuvent paraître un peu exagérées au goût de certains.
Différente des modèles à essence de la marque, l’ergonomie d’ensemble est bonne, même si certaines commandes demandent un peu d’habitude, comme le bouton d’ouverture des portières qui remplace la traditionnelle poignée.
Le volant à méplat, de forme rectangulaire plutôt que circulaire, est un peu plus épais que la moyenne, mais on s’y fait vite. On trouve facilement une position de conduite adéquate grâce aux vastes possibilités de réglages, et l’espace est amplement suffisant à l’avant. Pareil à l’arrière, où deux adultes peuvent s’asseoir en tout confort.
Dans le coffre, l’espace varie entre 500 et 1 750 litres selon que l’on décide d’utiliser la seconde rangée de sièges ou pas. Pour un VUS de cette taille, on ne peut pas dire que le iX M60 se distingue par son volume de chargement. Pour partir en vacances à quatre personnes, il va falloir faire des choix et voyager léger…
Électrisant… même sur l’autobahn!En Allemagne, dans les environs de Berlin, nous avons pu conduire le iX M60 sur des routes beaucoup mieux revêtues que chez nous. Première constatation, le roulement s’est montré plutôt confortable. Une affirmation à prendre avec un grain de sel, notre périple ne nous ayant pas permis de rouler sur des routes similaires aux nôtres.
Nous avons également apprécié le système de régénération adaptatif, qui module la force de ralentissement en fonction des conditions rencontrées. Il est possible de sélectionner un mode de récupération d’énergie à une seule pédale, mais au quotidien, la version adaptative fonctionne remarquablement bien.
Lors de sa présentation, BMW a insisté sur le fait que le M60 était un authentique produit M. Du point de vue des performances, c’est tout à fait vrai. Capable de passer de 0 à 100 km/h en seulement 3,8 secondes quand on utilise le mode Départ canon, ce iX survitaminé est rapide et alerte. Et même en se passant de cet artifice, les accélérations comme les reprises impressionnent.
Nous avons eu l’occasion de tester cette motorisation électrique jusque dans ses derniers retranchements. Une portion d’autoroute sans limites de vitesse nous a permis de constater que le M60 est rapide pour se rendre jusqu’à 100 km/h, et qu’il ne faiblit pas ensuite! La poussée demeure constante et soutenue jusqu’à 210 km/h, le VUS bavarois prenant ensuite un peu plus de temps pour atteindre les dernières graduations du compteur de vitesse. Pour l’anecdote, sachez que la vitesse maximale est limitée à 250 km/h, ce qui n’a d’intérêt qu’en Allemagne… et fait évidemment fondre l’autonomie comme neige au soleil.
Ces hautes vitesses nous ont au moins montré que l’insonorisation frôle la perfection. Les bruits de vent et de roulement sont admirablement bien camouflés, ce qui n’est pas toujours évident à faire pour un véhicule électrique, où l’absence de ronronnement d’un moteur à essence exacerbe parfois d’autres bruits parasites. La trame sonore composée spécifiquement pour les véhicules électriques de BMW apporte aussi une ambiance plaisante lors d’une conduite plus engagée. Le son est presque inaudible quand on effleure l’accélérateur, avant de monter en intensité quand on écrase la pédale de droite. Et pour ceux qui préfèrent le silence propre aux véhicules électriques, il est possible de désactiver cette fonctionnalité.
Après cette petite escapade autoroutière qui nous aurait valu un passage au tribunal au Québec, nous avons emprunté des routes secondaires à des vitesses plus raisonnables. Comme de coutume chez BMW, la précision de la direction donne entière satisfaction. Précise et informative, elle renseigne parfaitement le conducteur au moment de changer de direction.
C’est au moment d’évaluer la tenue de route que cela devient un peu délicat. Objectivement, le iX M60 est d’une efficacité redoutable au quotidien. En dépit d’un poids qui dépasse les 2 600 kg, il change d’appui plutôt rapidement, et son adhérence en virage surprend étant donné son gabarit. Malgré tous les efforts déployés par BMW, la masse importante du M60 se fait tout de même sentir dans les virages. Le châssis est capable de vitesses de passage en courbe étonnantes, mais les pneus finissent par crier grâce lorsque l’on se montre trop enthousiaste.
Si vous roulez déjà avec un VUS à tendance sportive, la différence ne sera pas trop importante. Par contre, si vous conduisez une berline signée M et que vous aimez son tranchant dans les courbes, il se pourrait que le iX M60 vous laisse un peu sur votre faim.
Pas donné, mais moins cher qu’un X5Comme vous vous en doutez, le BMW iX M60 est un modèle haut de gamme qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Il est affiché à partir de 124 552 $ (transport et préparation inclus). Dit autrement, cela correspond à 2 038 $ par mois (taxes incluses) pour le louer pendant 48 mois et 20 000 km/année. Pour un financement sur 60 mois, on arrive à 2 661 $ mensuellement, avec un taux de 4,49%.
Précisons qu’avec un tel prix, vous ne pourrez logiquement prétendre à aucun incitatif gouvernemental. Cela dit, quand on sait qu’un BMW X5 M Competition est vendu à partir de 136 852 $ et qu’il consomme une bonne quantité de carburant pour rouler aussi vite qu’un iX M60, cette nouvelle mouture 100% électrique n’est finalement pas si chère… tout étant relatif.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Julien Amado
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