Le plaisir de conduire est un concept propre à chaque être humain. Chacun le vit à sa manière, mais beaucoup ressentent cette agréable sensation de liberté derrière le volant, un aspect qui fait partie du quotidien des propriétaires de Mazda MX-5 depuis 1989, l’année où le roadster a fait son apparition.
D’ailleurs, au risque de le répéter, les chroniqueurs du Guide de l’auto sont presque tous d’accord sur ce point : la Mazda MX-5 n’a pas pris une seule ride en plus de trente ans d’existence. La décapotable poursuit ainsi sa mission de rendre les gens heureux un kilomètre à la fois. Les ingénieurs ont en effet trouvé le moyen de faire perdurer cette formule, en vigueur depuis le début de cette belle histoire.
L’originaleMais pour plusieurs, rien n’équivaut à celle qui a ouvert le bal. La Mazda MX-5 Miata de première génération, surnommée NA par les inconditionnels, réussit encore à provoquer l’étincelle que les amateurs recherchent. Voilà assurément l’une des raisons derrière le programme de restauration lancé par Mazda en 2017 au Japon.
À ce jour, le constructeur a reçu 78 demandes de clients intéressés par l’idée de reprendre la route au volant d’une Mazda MX-5 de première génération flambant neuve… ou presque. Le processus est assez long, puisqu’il faut environ trois mois pour restaurer une voiture de A à Z, ce qui explique pourquoi seulement 13 autos ont été complétées depuis le début de l’opération. N’oublions pas le facteur pandémie ici.
Une méticuleuse sélectionLes ingénieurs et techniciens affectés à ce projet n’acceptent pas n’importe quelle voiture. Les exemplaires mal entretenus ou très rouillés sont tout simplement rejetés. Après l’application au programme sur le web, Mazda exige du propriétaire qu’il remplisse un document complet pour mieux exposer les forces et les faiblesses du bolide. Une inspection sur place est par la suite organisée.
Lorsque la voiture est retenue, le constructeur demande au propriétaire qu’il fasse acheminer sa MX-5 à l’usine d’Hiroshima où la restauration peut enfin s’amorcer. Vient ensuite le moment où tout doit être démonté. Le client a le choix de sélectionner quelles parties de la voiture il veut conserver intactes.
Un programme à la cartePar exemple, la MX-5 de M. Kazuo Moritani, le propriétaire de cette Mazda Eunos Roadster 1990 blanche, a été entièrement restaurée, mais les composantes de l’habitacle (planche de bord, tapis, panneaux de portières et sièges) n’ont pas été touchées. Nous pouvons témoigner de la qualité des soins réservés à la voiture au fil du temps, les sièges en tissu qui ne montraient aucun signe d’usure avancée, idem pour la planche de bord. Pas mal pour une voiture qui approchait les 280 000 km à son retour à l’usine avant la restauration!
Tout a été révisé sur cette voiture. La mécanique au grand complet, ainsi que les composantes de la suspension et les freins, à l’exception de l’intérieur.
Précisons que la couleur originale de la voiture était Bleu marinier, tandis qu’une coloration turquoise avait été appliquée à la carrosserie il y a plusieurs années. Cependant, les gens de Mazda ont conseillé au propriétaire de revenir à la teinte d’origine et c’est le blanc qui a finalement été sélectionné.
Et puisqu’il s’agit de son véhicule, le client a aussi exigé que les antibrouillards, les jantes surdimensionnées et la barre montée derrière le toit souple qui sert de base pour un support à vélo – oui, vous avez bien lu – demeurent en place afin qu’il continue d’apprécier les facettes uniques de sa voiture. Si ce propriétaire avait voulu retrouver le style de 1990, Mazda offre même la possibilité de reproduire des jantes Daisy de 14 pouces comme sur le modèle d’origine via le fabricant de roues Enkei qui, rappelons-le, habille plusieurs modèles nippons avec des roues d’origine.
Le réassemblage peut ensuite avoir lieu une fois que toutes les composantes ont été remplacées ou repeintes. Le moteur – et tout ce qui l’entoure – est également remis à neuf avant de retourner sous le capot. D’ailleurs, précisons que le programme inclut seulement les premières versions du roadster, celles qui étaient mues par le 4 cylindres de 1,6 litre. La MX-5 équipée du bloc de 1,8 litre n’est pas encore admise à ce programme de restauration, bien qu’elle partage la même carrosserie et diverses composantes avec les premières années du roadster.
J’ai demandé au propriétaire s’il avait remarqué des différences au niveau de la conduite entre la voiture qu’il avait déposée à l’usine d’Hiroshima le 6 juillet 2020 et celle qu’il a récupérée quatre mois plus tard. La réponse a été positive : le principal intéressé affiche encore un sourire près de trois ans après l’achèvement de la restauration de sa voiture!
C’est plus cher qu’une MX-5 neuveIl en coûte au bas mot 4 942 000 ¥ (45 000 $) pour une restauration complète de la voiture. Mais tristement, ce programme est réservé aux propriétaires résidents au Japon ou, du moins, aux gens qui ont les moyens d’envoyer leur automobile à Hiroshima.
Au moment d’écrire ces lignes, le PDSF d’une Mazda MX-5 RF GT (la livrée la plus dispendieuse de la gamme 2023) est de 44 000 $, et ce, avant les frais et les taxes en vigueur. Ce qui nous amène à poser la question : ce programme de restauration en vaut-il vraiment la peine, en considérant que la plus récente MX-5 est plus puissante et mieux équipée que son ancêtre des années 90 ?
Il est vrai que la MX-5 ND respecte la philosophie du modèle NA, mais pour revivre l’expérience de 1990, rien ne vaut un retour en arrière avec tout ce que cela implique. Pensons notamment à la position de conduite ou la direction légère et précise, sans oublier le maniement intuitif du levier de vitesses. Même le petit moteur 1,6 litre a ses charmes, malgré sa puissance limitée.
Donc, pour quelques irréductibles du roadster, ce programme a une plus grande valeur que celle de miser sur une variante plus récente. Pour les autres, ce n’est pas le choix qui manque sur le marché.
Presque confirmé : un programme de restauration pour la RX-7 FDEn marge de cette présentation sur la continuité du programme MX-5, les responsables ont également voulu montrer quelques clichés d’une Mazda RX-7 FD de dernière génération qui a été complètement restaurée d’un bout à l’autre.
Sans le confirmer de manière officielle, Mazda a néanmoins indiqué qu’il songeait fortement à étendre cette aventure de restauration pour la dernière RX-7, celle que plusieurs considèrent encore aujourd’hui comme la plus belle voiture japonaise de l’histoire. Le début de ce nouveau projet serait prévu pour 2024.
Il est clair que ce programme, s’il est approuvé, commandera un prix assez élevé, ne serait-ce qu’à cause de la complexité du coupé à moteur rotatif ou de la disponibilité des pièces. Qu’importe, pour certains mordus de la sportive la plus charismatique de la marque, retrouver l’ambiance des années 90 à bord d’une voiture remise à neuf, ça n’a pas de prix!
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Source : GuideAutoWeb.com, par Vincent Aubé
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