Si on vous demandait de nommer une marque d’automobiles ayant autrefois fait partie du décor québécois, que répondriez-vous? Saturn… Pontiac… Suzuki…?
Elles sont nombreuses, ces marques disparues, si bien que pour certaines, on a oublié qu’elles ont déjà existé, ou qu’elles ont déjà été distribuées au Québec.
Ces marques ont été distribuées par des concessionnaires ambitieux, fiers de leur produit, mais le « destin du marché » a voulu qu’elles disparaissent, les unes après les autres.
Bon nombre des concessionnaires ayant distribué ces marques se sont renouvelés en commerçants de voitures usagées, d’autres ont adopté d’autres marques émergentes, mais ce que nous voulons soulever ici, c’est votre nostalgie. Sans doute serez-vous nombreux à vous exclamer « ma tante en a eu une! » ou « ça a été ma première voiture! ».
Laissez-nous vous transporter dans le passé, avec ces quelques publicités de concessionnaires de marques disparues du Québec.
Nous allons en documenter 14 aujourd’hui, pour être exact, mais OUI, il y en a d’autres. À suivre!
Auto Normand Rosa Inc. AMC/JEEP, 4094 rue Laval, Lac-Mégantic QC.
On reconnaît ici plusieurs AMC Concorde, sous sa variété de finitions.
Laurier Auto AMC/JEEP, 2025 boulevard Charest Ouest, Québec QC.
On reconnaît ici la Hornet AMX et la Gremlin.
La marque Austin est surtout connue pour sa MINI, l’ancêtre de la MINI Cooper que l’on connaît aujourd’hui et qui est distribuée par les concessionnaires BMW. Fut une époque où la Mini n’était qu’un modèle parmi tant d’autres de la marque Austin. Voici une publicité de Broadway Motor Sales, « premier dépositaire Austin pour l’est de la ville ».
Voici où était situé le premier dépositaire Austin de l’est de la ville, en 1963. On devine, par leurs modestes installations, qu’ils n’en ont pas vendu des milliers, mais que le service devait être plus que personnalisé.
On connaît les 2 Chevaux et les DS, mais en 1982, on vendait encore des Citroën CX au Québec! À Montréal-Nord, pour être plus précis! À quel nombre, ne me demandez pas.
C’est dans ce commerce du 10 825 rue Racette, à Montréal-Nord, que l’on vendait ces voitures luxueuses françaises, dans un quartier industriel et aucunement convoité. Il fallait donc « vraiment vouloir » s’en procurer une.
C’est difficile à croire, mais le village de Saint-Sixte situé à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Montebello, en Outaouais, et comptant 469 habitants en 2016, a déjà accueilli un concessionnaire Citroën!
Sur cette vignette de 2011 dudit concessionnaire Citroën de Saint-Sixte, l’œil averti aura su identifier le logo aux deux chevrons, pendouillant au bout d’une tige, au-dessus de la porte. Preuve tangible de la présence de la marque française dans cette région isolée de notre province.
Liste simplifiée des premiers concessionnaires Citroën dans le Grand-Montréal.
Il est normal que vous reconnaissiez des adresses d’anciens concessionnaires dans cette liste. La marque Daewoo est arrivée en plein cœur du démantèlement des concessionnaires Saturn-Saab-Isuzu. Les concessions Toyota de Terrebonne (Léveillé) et de Pointe-aux-Trembles (Houle) leur auront également donné leur première chance. Mais en vain.
Madame Maude Léveillé pause fièrement devant une Daewoo Leganza, voiture intermédiaire comparable aux Honda Accord, Hyundai Sonata et Nissan Altima de ce monde.
Sous la vignette Google Street View de 2015, soit 12 ans après la disparition de la marque au Québec, on retrouve le bâtiment où étaient vendues les fameuses Daewoo, mais SURTOUT, on y retrouve le panneau officiel de la marque. C’est quand même fort inhabituel de retrouver un tel affichage, 12 ans après la disparition de la marque!
En 1984, c’est au tour de la Roumanie de nous donner la chance de se procurer de ses produits. La Dacia TL et GTL, offerte en coupé 2 portes, berline 4 portes, familiale et camionnette. Son réseau de concessionnaire était particulièrement bien établi.
En 1985, Dacia avait trois concessionnaires sur l’île de Montréal et deux à Laval, en plus d’être distribuées dans les Laurentides (Val-David), en Montérégie (McMasterville), dans Lanaudière (Joliette), dans les Cantons-de-l’Est (Deauville), dans Chaudière-Appalaches (Saint-Gilles), dans Charlevoix (Baie-Saint-Paul) et en Abitibi-Témiscamingue (Palmarolle).
Désolé pour la piètre qualité de l'image, c’était un minuscule article dans le journal La Tribune. Il fut une époque où les journaux locaux encourageaient les commerçants de cette façon : le restaurant Ti-Co de Bromptonville a acheté une Dacia au garage Distino de Deauville pour son service de livraison!
Rares seront ceux qui se rappellent du passage de la marque italienne DeTomasso au Québec. Ils ont été « relativement » populaires avec leur Innocenti. Saviez-vous qu’ils avaient également distribué la Pantera GT5? Voici une publicité des concessionnaires Critofaro de Montréal et Durand de Laval.
À noter que le concessionnaire Durand Innocenti était directement en face du concessionnaire Durand Pontiac Buick de Laval, sur le boulevard des Laurentides.
À l’instar de la Dacia, on constate que la charmante Innocenti était plutôt bien distribuée à travers la province!
La marque italienne DeTomasso a également proposé la Pantera GT5 à son concessionnaire montréalais de la rue Beaubien! Combien d’entre elles ont été chouchoutées, entretenues et conservées? Il y en a peut-être une dans le garage de votre voisin un peu étrange…
Ceux et celles qui travaillent à la livraison de meubles pour des magasins grande surface ou pour le transport d’écoliers en autobus jaune connaissent sans doute la marque International.
Autrefois connue sous le nom International Harvester, soit « agriculteur international » pour les intimes. Il s’agit d’un manufacturier de tracteurs de ferme, à la base, qui a ensuite élargi ses horizons en développant une série de camions de tous gabarits. Pendant les années 1960 et 1970, ils ont été grandement présents dans le marché des « VUS », bien que cet acronyme n’était pas utilisé, il s’agissait vraiment de « VUS ». Le Scout II, le Traveler, le Travelall, ils venaient directement confronter la marque Jeep avec une belle variété de modèles.
À cet endroit, on retrouvait le concessionnaire Rainville Automobiles Inc., 15 chemin Dutilly, à Granby. On comprend qu’on y vendait sans doute des camions plein format, mais aussi quelques Scout II, ici et là, mais on ne reconnaît aucunement l’architecture typique des concessionnaires contemporains.
Évidemment, il faut parler de la mémorable marque Lada! À noter qu’ils s’identifient comme une marque « de luxe » dans cette publicité de 1985, en se vantant de son capitonnage en « veloutine » et de ses « sièges baquets avant complètement inclinables ». On fait avec ce qu’on a, comme on dit!
Trois détails m’amusent dans cette publicité : la mention « maintenant, le montage final est fait au Canada », comme si c’était soudainement un gage de qualité. Ensuite, le nom du concessionnaire lavallois « Auto Grand Tourisme ». Faudrait se calmer. Pour terminer, l’amusante erreur de frappe « Desmeubles », alors que le concessionnaire s’appelait « Desmeules ». Ils existent d’ailleurs encore aujourd’hui, distribuant l’amalgame des marques Dodge Chrysler Jeep Ram Fiat.
On recule de quelques années, soit en 1981, 2e année de la présence de Lada au Québec. On mise déjà sur la robustesse et l’équipement. Dollar pour dollar, il est vrai qu’elles étaient légèrement plus « enveloppantes » qu’une Chevrolet Chevette de base, mais qu’en était-il de la fiabilité et de la résistance contre la rouille? Nulles, dans les deux cas? Peut-être… mais souvent, c’est le nom qui l’emporte.
Le Niva était clairement le véhicule hors-route le plus abordable sur le marché. Pour ceux qui écoutent ses interventions à la radio, vous savez que MC Gilles est un grand fan de ce véhicule rustique mais compétent.
À noter que le Niva est encore offert, en 2021, par la compagnie Lada! Cette marque est encore en très bonne santé sur son marché local, comme en témoigne son site web russe.
Pour une majorité de Québécois, la marque Renault, c’est la Renault 5. Certes, ce modèle a été populaire pendant un grand nombre d’années. Mais on doit retourner plusieurs années auparavant avant de voir cette marque s’établir chez nous. Dans les années 1950, on offrait déjà la Dauphine, dans quelques rares concessionnaires.
On en a presque tous rêvé. On la voulait avec le grand toit ouvrant qui consistait d’une grande toile rétractable, on voulait les feux de brouillard qui lui donnait un air d’aventurière à toute épreuve… la Renault 5! Le Chameau, comme on y référait dans les publicités. La Cinq, comme on y référait sur les décalques optionnels. Le Car, comme on y référait aux États-Unis, question de faire un clin d’œil à ses origines françaises. Maniable, amusante, agréable à l’œil, frugale, différente, elle aura charmé plusieurs d’entre nous, Québécois!
Dans les années 1980, la marque Renault s’associe à AMC et Jeep. Ils forment donc un trio plutôt varié et très bien représenté commercialement.
Renault offrait les modèles Alliance (Renault 9 en Europe), Encore (Renault 11 en Europe) et Fuego (« y’a le feu! », en Europe). Donc ces concessionnaires offraient une gamme fort complète, soit de la 5 au Grand Wagoneer fini bois. Mention spéciale au concessionnaire Automobile Montréal Dauphine Ltée. qui n’a visiblement jamais jugé nécessaire de s’adapter au changement, étant donné que la Dauphine n’était plus distribuée depuis déjà très longtemps.
À ce moment, on connaissait et on aimait déjà la marque Volvo. Mais voilà qu’un nouveau joueur suédois se joint à la parade, avec ses véhicules excentriques et à l’apparence robuste, et légèrement plus abordables que les Volvo. Mine de rien, Saab a su traverser les époques après avoir vu son réseau de concessionnaires passer de « indépendants ambitieux » à une collaboration avec General Motors à travers le consortium Saturn Saab Isuzu, pour ensuite disparaître subitement de notre marché, au grand dam des passionnés de la marque.
Déjà, la marque Saab se positionne en « aventurière ». Précurseur de la Subaru Outback, on nous incitait à mettre nos skis sur le toit et à monter au chalet. À noter que le concessionnaire Automobiles Lavigne de Sainte-Anne-de-Bellevue a vu passer plusieurs marques « rares ». Nous y reviendrons plus tard.
Dans les années 1980, la marque Škoda, de Tchécoslovaquie, débarque au Québec. Ces voitures simplistes sont néanmoins attrayantes, avec leur moteur arrière et leur look plutôt sportif et, bien sûr, leur prix défiant toute compétition. À part peut-être ceux des Lada?
Distribuées aléatoirement sur le territoire québécois, on peut identifier l’un de ses distributeurs dans les Cantons-de-l’Est, à Granby. DOC GÉRARD INC. est devenu un garage de mécanique générale, mais on devine facilement que cet établissement a facilement pu être le distributeur de cette marque étrangère.
La fameuse Studebaker. Pour la plupart, nous ne la connaissons que de nom. Mais si on consulte la liste des concessionnaires, on constate rapidement qu’elles ont été distribuées massivement dans tous les secteurs de la ville. Petit rappel au concessionnaire Saab documenté précédemment : Garage Lavigne… il semble avoir offert la Stud et la Saab! Nous y reviendrons, encore une fois!
Bien avant l’arrivée des Kizashi, des SX4, des Esteem, des Sidekick et des Samuraï, Suzuki offrait le très rustre SJ410. En voici une publicité de 1981! Confort? Non. Capacités hors-route? Oui!
C’est fascinant à quel point quelques anciens concessionnaires n’ont peu ou pas changé d’allure. Voici de quoi avait l’air « Denis Auclair Suzuki 1981 » de Granby en 2018!
Voici une publicité de Larochelle Suzuki, Cap-de-la-Madeleine (Trois-Rivières), qui présente les différentes variantes du petit Samuraï. On peut rabattre le pare-brise, on offre la version pick-up, on peut (évidemment) retirer la toile de la version décapotable. Plutôt versatile, pour l’époque!
Quand on entend le nom Vespa, on pense aux petits cyclomoteurs (scooters) à la mode. Vespa a déjà offert des voitures sur le marché québécois! (Je viens moi-même de remonter sur ma chaise après en être tombé!) 7 $ par semaine! Pas mal tentant comme deal!
La publicité précédente parle du 249 rue Collin, Saint-Jean-sur-Richelieu. Étonnamment, on peut deviner que des voitures aient pu être vendues à cet endroit dans les années 1960! Des Vespa à quatre roues!
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Source : GuideAutoWeb.com, par Alexandre Trudel
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