On avait fait des blagues avec le chou-fleur à 8 $ il y a quelques années. Lorsque le prix du 2x4 a triplé et que le litre d’essence a franchi la barre des 2 $, les caricaturistes nous ont fait rire jaune. On peut maintenant s’attendre à des plaisanteries au sujet des vieilles bagnoles rouillées qui trouvent preneur à des prix indécents.
Le prix moyen d’une voiture d’occasion est maintenant de 35 135 $ au Québec. Ce qui est encore plus troublant, c’est qu’il s’agit d’un bond spectaculaire de 11 000 $ – ou 43 % – en un an. Un an seulement. Il s’agit de la hausse la plus élevée au pays. On est très loin des augmentations de salaire…
Évidemment, c’est du jamais-vu dans la province. Autant pour le prix atteint que pour la variation sur 12 mois.
Ces nouvelles données proviennent de la plateforme en ligne AutoHebdo, qui a colligé les petites annonces affichées en avril. Les 35 135 $ correspondent au prix moyen demandé par les particuliers et les concessionnaires. Le prix de vente est sans doute un peu plus bas.
Au Canada, le prix moyen affiché est encore plus élevé (voir graphique). La progression contribue à réduire constamment l’écart de prix entre le neuf et l’usagé. De 20 000 $ il y a deux ans, celui-ci est passé à 15 500 $.
Contrairement au chou-fleur, qui est vite revenu à un prix acceptable pour faire du potage, les voitures d’occasion connaissent plutôt une accélération de leurs prix, et cela, depuis des mois. « On est dans les 30 % ou plus d’augmentation depuis décembre », précise le directeur de la marque AutoHebdo, Benoît Béland.
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La pénurie de véhicules neufs, elle-même provoquée par la pénurie de semi-conducteurs, est au cœur du problème. Bien des automobilistes ne peuvent pas se permettre d’attendre leur nouvel achat pendant des mois, voire plus d’un an dans le cas des voitures électriques. C’est sans compter que les voitures neuves coûtent plus cher et deviennent inabordables pour certaines personnes.
Tout ce beau monde se rabat donc sur le marché d’occasion, qui connaît une frénésie que même ses employés peinent à croire. J’en ai rencontré deux, lundi après-midi, devant des cours pleines. C’était à se demander si la rareté de véhicules est bien réelle.
« Depuis janvier, je ne vends plus d’autos. C’est le monde qui en achète ! Il y a une grosse pénurie. Ce n’est pas une illusion ! La voiture que je vendais 2500 $ l’an dernier, elle est rendue 4500 $ », m’a dit Georges Moquin, d’Auto Liquidation MB 2.0 à LeMoyne, un secteur de Longueuil.
Tout en mangeant son spaghetti, le vendeur m’a confié que 2021 avait été une année record. Mais que ce record sera « facilement battu cette année ». En avril, il a vendu 47 véhicules, ce qu’il juge « très bon pour un petit garage » comme celui qui l’emploie.
Son meilleur conseil à ceux qui cherchent : « Si vous voyez une voiture qui vous plaît, faites un dépôt ou achetez-la. Car le lendemain, elle ne sera plus là. Ça part vite. » Ne soyez pas trop capricieux sur la couleur et sachez que les modèles à très bas prix s’envolent en criant auto.
« Des voitures à 5000 $ ou moins, quand j’en ai une, je l’affiche en ligne et elle est vendue en une journée. C’est très recherché », affirme Georges Moquin.
À quelques kilomètres de là, l’étroite cour de la société Les spécialistes du financement loge peu de véhicules. Mais la remplir est un défi, confie le directeur financier Ilyass Bentalba. L’entreprise avait l’habitude de s’approvisionner auprès des locateurs à court terme (Budget, Avis etc.), mais ceux-ci ne liquident plus leurs stocks à l’encan.
Le détaillant n’a eu d’autre choix que de s’adapter. Désormais, il achète les baux des particuliers (versement de la valeur résiduelle au concessionnaire) et fait beaucoup d’échanges.
Les clients commencent à trouver que « les prix sont exagérés, que c’est trop cher », confie Ilyass Bentalba. Mais ceux qui vendent leur véhicule obtiennent des montants qu’ils n’auraient jamais cru possibles. La hausse va dans les deux sens !
D’ailleurs, il survient toutes sortes de situations inimaginables avant la pandémie.
Un de ses clients qui a acheté une Nissan Rogue 2018 à 19 000 $ a fait un accident après un certain temps. La voiture a été déclarée perte totale, et les assurances lui ont donné 24 000 $. Un autre client qui avait acquis l’an dernier une Nissan Sentra pour 15 000 $ a eu le bonheur de se la faire racheter plus cher, par son vendeur, au bout d’un an.
J’ai bien failli leur laisser mon vieux tacot 2010.
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Source : LaPresse.ca, par Marie-Eve Fournier
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