Peut-on encore dire que Mitsubishi a fait une erreur en insérant un modèle entre le RVR et l’Outlander – et en l’appelant Eclipse Cross – il y a quatre ans? En voyant la multiplication des véhicules utilitaires sur le marché, notamment dans cette catégorie, la réponse est « pas vraiment ».
Bien sûr, un authentique VUS à trois rangées aurait été préférable (combien on plaint les passagers arrière de l’Outlander!) et une majorité de consommateurs continue de privilégier ses deux frangins. Cependant l’Eclipse Cross a quand même sa place et se veut plus intéressant depuis sa modernisation pour l’année modèle 2022.
On a récemment passé une semaine au volant d’une version haut de gamme GT S-AWC afin de mieux déterminer ses forces et ses faiblesses. À propos, le modèle 2023 est déjà disponible, comme on peut le voir sur le site de Mitsubishi Canada, mais celui-ci ne présente essentiellement aucun changement.
Plus moderne et spacieux, mais…Bravo aux designers de Mitsubishi pour avoir corrigé le plus gros défaut de l’ancien Eclipse Cross, c’est-à-dire la barre de lumière qui traversait la vitre du hayon. Le style s’en trouve amélioré, de même que la visibilité arrière. À l’avant, le drôle de mélange de formes (surtout les blocs optiques) ne plaît pas à tout le monde, mais à notre avis, c’est quand même mieux que sur le nouvel Outlander – assurément l’un des véhicules au devant le moins attirant.
Pour 2022, l’Eclipse Cross a gagné en longueur par rapport au RVR, bien que leur empattement demeure identique. Son coffre peut désormais transporter 663 L de bagages, ou 1 419 L en rabattant les dossiers arrière – malheureusement pas à plat.
C’est un bel effort, sauf que ces chiffres se font éclipser par une majorité de concurrents à cheval entre les segments sous-compact et compact. Pensons aux Volkswagen Taos, Toyota Corolla Cross, Chevrolet Trailblazer et Jeep Compass, sans oublier le nouveau et plus costaud Honda HR-V 2023.
Pour ajouter à la frustration, le hayon est lourd à manipuler.
Pour le confort des sièges, mais quoi d’autre ?À bord du Mitsubishi Eclipse Cross 2022, on découvre des sièges confortables et enveloppants (qui aident à pallier le roulis causé par la suspension mollasse), mais celui du conducteur ne descend pas suffisamment à notre goût. De même, les assises arrière sont un peu hautes, ce qui restreint le dégagement pour la tête. Bon, ce n’est pas un problème pour des enfants, ce VUS s’adressant en premier lieu aux petites familles. Le rangement, d’autre part, est adéquat.
Maman et papa éviteront de choisir la belle sellerie en cuir gris pâle comme dans notre modèle d’essai, où la décoloration était déjà présente sur certains rebords... Aussi, les dégâts finiront vite par laisser des traces. Encore là, on voit que les designers ont travaillé pour ajouter un peu d’éclat au décor de l’Eclipse Cross, mais le résultat est inégal et il reste un côté plastique évident. Notre élément préféré? Probablement le toit panoramique à deux panneaux.
Pour ce qui est de l’interface de commande, l’instrumentation derrière le volant manque d’informations. Sur une note positive, un affichage tête haute (avec panneau escamotable) est disponible dans certaines versions et on ne s’ennuie pas du tout du pavé tactile sur la console centrale.
Dommage que le nouvel écran de huit pouces soit animé par un système multimédia pas très moderne ni attrayant – rien à voir avec ce que l’on peut retrouver ailleurs dans la catégorie. Android Auto ou Apple CarPlay devient un précieux allié ici. Puis, mentionnons que la clarté d’image de la caméra de recul et la navigation TomTom optionnelle laissent à désirer elles aussi.
Les mêmes deux arguments de venteHeureusement, il y a toujours l’imbattable garantie sur le groupe motopropulseur de Mitsubishi (10 ans ou 160 000 km) et un bon rouage intégral appelé S-AWC (Super All-Wheel Control) pour démarquer l’Eclipse Cross. Le second est inclus de série et propose des modes Neige et Gravier, ce qui est bien. Est-ce que la compagnie devrait offrir une version à traction pour rendre le prix de base plus alléchant? Sans doute. Le Taos, armé d’un moteur dont les spécifications sont quasi identiques, le fait de son côté et il se vend passablement mieux.
Puisqu’on en parle, le quatre cylindres turbocompressé de 1,5 litre génère un couple intéressant de 184 lb-pi, mais ça s’estompe après 3 500 tours/minute et il faut pousser jusqu’à 5 500 tours/minute pour extraire les 152 maigres et bruyants chevaux. La pédale d’accélérateur montre une certaine résistance en début de course, ce qui nous prive d’un élément de nervosité auquel on est en droit de s’attendre. Quant à la boîte à variation continue, disons qu’il y a pire sur le marché. La façon dont elle simule huit rapports est plutôt bien réussie.
Pour terminer, on souligne le bon confort de roulement et la capacité de remorquage de 2 000 livres de l’Eclipse Cross (à condition de ne pas être plus de deux personnes à bord, sinon ça tombe à 1 500 livres). La direction, par ailleurs, fait un boulot honnête.
En revanche, la consommation d’essence déçoit beaucoup avec une moyenne officielle de 9,3 L/100 km – plus proche de 10 L/100 km dans la vraie vie et pire que celle de l’Outlander (8,9 L/100 km), ce qui est impardonnable. Aucune fonction d’arrêt-démarrage du moteur n’est incluse et ne faites pas l’erreur d’activer le mode Eco pour améliorer les choses, car les performances et l’agrément de conduite écopent terriblement.
VerdictVendu à partir de 31 503 $ (transport, préparation et autres frais inclus), l’Eclipse Cross 2022 est relativement dispendieux par rapport à la concurrence directe et Mitsubishi ose exiger un supplément pour toutes les couleurs de carrosserie sauf Argent sterling. À moins d’être en amour avec ce véhicule, n’allez pas plus haut qu’une version SE S-AWC (34 127 $), sinon vous paierez trop cher pour ce que vous obtiendrez en retour.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Guillaume Rivard
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