Les goûts des automobilistes canadiens diffèrent sensiblement de ceux des Américains. Certes, le pays du sirop d’érable et des manteaux à carreaux est lui aussi friand de camionnettes et de gros VUS. Or, si les voitures et petits multisegments foulent nos routes en grand nombre, les Américains s’en procurent moins. Inversement, ils achètent encore une quantité considérable de berlines intermédiaires et pleine grandeur, alors que leur déclin est plus prononcé de notre côté de la frontière.
À l’occasion du 1er juillet, voici donc 10 modèles que le Canada a appréciés mais qui n’ont pas autant rayonné aux États-Unis.
Acura ILX (2013-2022)Les compactes de luxe d’Acura ont longtemps été une exclusivité canadienne. Qu’il s’agisse des 1.6 EL, 1.7 EL ou CSX, ces Honda Civic endimanchées n’ont jamais quitté nos frontières. Lorsque la ILX a été lancée à l’automne 2012, elle a renouvelé la popularité de ses devancières au Canada, alors qu'il s’en écoulait à peine cinq fois plus aux États-Unis. On se souvient surtout de la ILX Dynamic (2013-2015), la dernière Acura à jumeler un moteur atmosphérique (le K24 de 2,4 litres) à une excellente boîte manuelle.
Buick Encore (2013-2022)Petit 4 cylindres turbocompressé, format sous-compact, fabrication sud-coréenne : l’Encore n’a pas grand-chose à voir avec la gigantesque et mirobolante Buick que votre grand-père possédait. Ironiquement, c’est sans doute ce qui lui a valu une bonne cote de popularité chez nous, portée par les publicités mettant en vedette Maripier Morin. Un lointain souvenir, n’est-ce pas ? Toujours est-il que le Buick Encore se vendait mieux que le Chevrolet Trax (son pendant prolétaire). Et aussi au Canada, toutes proportions gardées.
Dodge Grand Caravan (1984-2020)On ne présente plus la Dodge Grand Caravan, dont les chiffres de vente annuels oscillaient entre 30 000 et 70 000 unités au Canada. Or, les Américains s’en procuraient seulement le double, dans un marché neuf fois plus grand. Sans être un échec, cette fourgonnette rencontrait moins le succès aux États-Unis. Au fait, les ventes de la Grand Caravan y étaient semblables à celles de la Chrysler Town & Country, une variante un peu plus cossue et chère. Pourtant, la Chrysler se fait plus rare sur nos routes. Autre pays, autres mœurs !
Hyundai Kona (2018 -)Au pays, le Hyundai Kona se vend comme des petits pains chauds. Il constitue non seulement le meilleur vendeur de sa catégorie, mais aussi pour Hyundai. C’est toutefois beaucoup moins vrai aux États-Unis : le Kona a signé sa meilleure performance en 2021 avec 90 000 ventes conclues, contre 31 000 au Canada. Est-ce que son habitacle étriqué et son appartenance au segment des VUS sous-compacts expliqueraient cette disproportion ? Sans doute, car nos voisins du sud privilégient des automobiles spacieuses et imposantes, ce que le Kona n’est pas.
Kia Rondo (2007-2017, avec une interruption en 2013)Les monospaces sont essentiellement l’affaire des Européens, qui apprécient leurs qualités pratiques dans un format contenu. À l’inverse, ils n’ont jamais fait recette au pays de l’oncle Sam, comme le rappellent les déboires des Fiat 500L, Ford C-Max, Mazda5, Toyota Prius v et, bien sûr, la Kia Rondo, dont la deuxième génération a été cantonnée à nos frontières. Rappelons que Chevrolet a réalisé le même coup de théâtre en privant les Américains de l’Orlando, un autre monospace commercialisé seulement au Canada, ce qui est ironique puisqu’il porte le nom d’une destination touristique de la Floride…
Mazda CX-3 (2016-2022)Le Mazda CX-3 souffre du même syndrome que le Hyundai Kona, de même que la Mazda3, par le fait même. Un coffre et des dégagements restreints plombent la popularité de ces véhicules aux États-Unis. Au Canada, le CX-3 s’en est tiré honorablement et sa meilleure année aura été 2018, avec 12 445 nouvelles immatriculations, contre seulement 16 899 au sud du 45e parallèle. C’est très peu. À tel point que Mazda a étiré sa carrière plus longtemps au Canada qu’aux États-Unis, chose plutôt rare. Notons que Nissan répète cette logique avec le Qashqai, qui poursuit sa carrière en 2023 malgré son retrait du catalogue américain, où il était baptisé Rogue Sport.
Suzuki Grand Vitara (1989 sous le nom de Sidekick à 2013)En cette période d’incertitude et de flambée des prix, les raisons sont nombreuses pour s’ennuyer de Suzuki et de son offre de véhicules fiables, robustes et abordables. La division automobile du géant industriel a annoncé son départ des États-Unis en novembre 2012 après des années de déconfiture. Suzuki Canada a emboîté le pas un an plus tard, ses opérations n’étant plus viables. Vers la fin de sa carrière, le Grand Vitara attirait à peu près autant d’acheteurs américains que canadiens (au nombre de 1 000 ou 2 000 par année seulement), une triste fin dans l’histoire de ce petit 4x4 jadis adulé.
Toyota Matrix (2003-2014)Fruit d’un partenariat avec General Motors, la Toyota Matrix a partagé l’essentiel de son squelette et de sa mécanique avec la Pontiac Vibe. Cette dernière était assemblée à Fremont, en Californie, une usine depuis rachetée et reconvertie en 2010 par Tesla. La Matrix, issue de Cambridge en Ontario, a compté plusieurs déclinaisons au cours de ses deux générations, incluant des variantes sportives XRS ou à rouage intégral. Malgré son offre diversifiée, la Matrix présentait moins d’intérêt pour les Américains et les chiffres l’illustrent bien. D’ailleurs, la dernière année du modèle (2014) nous était exclusive.
Volkswagen Golf (1974 -)Cette liste met en exergue la désaffection du marché américain pour les voitures à hayon et la Volkswagen Golf n’en est qu’une autre victime. Certes, elle subsiste encore avec ses déclinaisons sportives GTI et R, car aux États-Unis, leur popularité surpassait celle des Golf régulières, qui ont plié bagages après 2021. Vous l’avez deviné, la petite Volkswagen a été remplacée par des VUS, nommément le Taos. Une décision navrante, car les Canadiens étaient encore nombreux à s’en procurer (à peine trois fois moins que les Américains, pour une population inférieure de dix fois). On s’ennuie particulièrement des variantes familiales Alltrack et SportWagen.
Volvo C30 (2007-2013)Au cours des années 2000, Volvo a souvent priorisé le marché canadien pour les lancements nord-américains de ses modèles. C’était le cas de la C30, une compacte à hayon introduite en 2007 chez nous et en 2008 chez nos voisins du sud. À vrai dire, ces derniers n’avaient probablement pas l’impression de manquer quelque chose. Là-bas, à peine 22 000 C30 ont trouvé preneur en six ans, contre plus de 5 000 au Canada. Pourtant, l’auto avait de belles qualités, à commencer par ses moteurs à 5 cylindres et son design, signé par le Québécois Simon Lamarre, qui s’est inspiré de la P1800 ES.
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Source : GuideAutoWeb.com, par Nicolas Tardif
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