Si la température dégringole depuis quelques jours, c’est tout le contraire avec le prix de l’essence, qui a de nouveau franchi la barre du 1,50 $ le litre cette semaine. Et les Québécois doivent s’attendre à payer 1,80 $ d’ici la fin du mois de juin, du jamais vu.
Le prix de l’ordinaire sans plomb est en hausse partout dans la province. Hier, il était en moyenne à 155,2 cents le litre tant à Montréal qu’à Québec, selon le relevé de la Régie de l’énergie.
Dans la Capitale-Nationale, même CAA-Québec se pose des questions.
« Il y a une problématique actuellement avec la marge prélevée au détail dans la région de la Capitale-Nationale que l’on ne peut malheureusement pas expliquer », indique la porte-parole Andrée-Ann Déry.
Le profit des stations-service du Québec a été en moyenne de 5,7 cents le litre dans la dernière année. À Québec, on parle actuellement de 8,3 cents.
« Les prix affichés à la pompe sont stables — 149,9 cents du 29 novembre 2021 au 14 janvier 2022 — et la stabilité est rarement avantageuse pour les consommateurs », ajoute Mme Déry.
La hausse du prix à la pompe observée depuis le début de l’année n’est bien sûr pas étrangère à celle du prix du brut. Le baril de Brent de la mer du Nord, par exemple, se transigeait hier à plus de 88 $ US, une première depuis 2014.
Déficit de production en causeLa demande de pétrole reste donc élevée, malgré le variant Omicron, observent les experts.
« Les producteurs ont réduit leurs capacités au début de la crise de la COVID. L’offre est maintenant moins généreuse, mais la consommation mondiale est revenue à ce qu’elle était au début 2020 », explique Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.
Le déficit dans la production mondiale serait le principal coupable.
« Il manque 2,3 millions de barils par jour pour combler la demande », lance Dan McTeague, président de l’organisme Canadians for Affordable Energy.
Cet analyste du prix de l’essence s’intéresse au sujet depuis 1994. Il prédit que d’ici la fin du mois de juin, les Québécois paieront leur sans-plomb ordinaire 1,80 $ le litre.
« Le prix du brut va continuer à grimper et va dépasser les 100 $ le baril en raison du déficit », assure-t-il.
Couplée à la faiblesse de la devise canadienne par rapport à l’américaine — dans le pétrole, tout se calcule en dollars US —, une augmentation de 20% est prévue pour l’ensemble du Canada, selon lui.
Plus de demande que d’offrePour ce qui est des records franchis cette semaine dans toute la province, la demande dépasse l’offre, tout simplement.
Pierre-Olivier Pineau compare la situation à celle que vivent les amateurs de houblon au Centre Bell.
« La bière coûte 10 $, mais n’a pas coûté 10 $ à produire, loin de là. C’est juste que la demande est forte et que les gens sont prêts à payer », illustre-t-il.
En gros, « les distributeurs sentent qu’ils peuvent augmenter le prix à la pompe » et ils le font. « Il serait temps de penser à des solutions de rechange pour le transport », croit l’expert.
Les prix de l’essence de record en record :
Montréal151,9 cents (septembre 2012)
155,9 cents (octobre 2021)
156,9 cents (hier)
Québec 151,4 cents (juin 2008)
154,4 cents (octobre 2021)
154,9 cents (hier)
Source CAA-Québec
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Source : GuideAutoWeb.com, et JournaldeMontréal.com, par Par Julien McEvoy.
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